Suite aux révélations de France 3 Occitanie sur l'enneigement par hélicoptère des pistes de Luchon Superbagnères, la polémique prend une ampleur nationale. Plusieurs politiques, dont la ministre de l'écologie, dénoncent l'initiative du département de Haute-Garonne. Son président assume ce choix.
La polémique enfle au sujet du déversement de neige par hélicoptère sur la station de Luchon-Superbagnères (Haute-Garonne) et prend une dimension nationale.
Les écologistes locaux ont été les premiers à exprimer leur colère.
Samedi, c'est la secrétaire d'Etat, Emmanuelle Wargon qui leur a emboité le pas dans ce tweet :
Apporter de la neige par camion ou par hélicoptère dans les stations pour continuer à faire comme si de rien n'était ? On marche sur la tête !
— Emmanuelle Wargon (@EmmWargon) February 15, 2020
Il est temps de changer de modèle. #TourismeVert https://t.co/yGnfkji87r
24 heures plu tard, c'est la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, qui tape du poing sur la table :
"Enneiger des stations de ski par hélicoptère n'est pas une voie possible", a-t-elle tranché dans un tweet dans lequel elle précise qu'elle va réunir les acteurs concernés dans les prochains jours autour du secrétaire d'Etat au Tourisme et au Commerce extérieur Jean-Baptiste Lemoyne.
Enneiger des stations de #ski par #hélicoptère n’est pas une voie possible. Nous réunirons avec @JBLemoyne les acteurs concernés dans les prochains jours. https://t.co/V1uobKhy8n
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) February 16, 2020
Effet boule de neige
Le périmètre de cette consultation, qui aura lieu dans la semaine, n'est pas encore précisément fixé. Elle devrait réunir en tous cas les responsables du domaine skiable de France, indique dimanche le cabinet de la ministre.Le tweet d' Elisabeth Borne indique que la ministre entend mettre un coup d'arrêt rapide à l'enneigement des stations de ski par hélicoptère "car il n'est pas possible de réitérer de telles opérations très polluantes" souligne un de ses conseillers.
Cette réunion visera aussi à chercher des solutions pour les élus locaux, les transports de neige par camions étant également problématiques, selon la même source.
France 3 Occitanie avait révélé qu'afin de pallier le manque d'enneigement dans la station pyrénéenne, le conseil départemental de Haute-Garonne avait pris une mesure spectaculaire, en faisant livrer de la neige par hélicoptère sur certains tronçons vendredi et samedi.
Il a fallu deux heures et demie d'hélicoptère pour transporter quelque 60 tonnes de neige. Le coût est évalué entre 5.000 et 6.000 euros, mais "en terme de retour sur investissement, il faut multiplier au moins par 10", avait justifié le syndicat mixte chapeautant cette station.
Selon le syndicat, entre 50 et 80 personnes vont pouvoir travailler grâce à cette opération: le personnel de la station, mais aussi les moniteurs, les loueurs de matériel, les restaurateurs.
Sur France Inter ce dimanche, Yannick Jadot, l'eurodéputé EELV avait estimé également dimanche qu'il comprenait "la panique des élus qui gèrent les stations et voient de moins en moins de neige."." Mais faire livrer de la neige par hélicoptère, c'est débile. La question, c'est de se transformer pour proposer d'autres activités", avait-il ajouté.
Lundi après-midi, dans un communiqué le président du conseil départemental de Haute-Garonne, assume pleinement cette décision en "situation de crise" et tacle au passage les élus nationaux :
Cette action vise à sauvegarder en urgence une cinquantaine d’emplois directs et plusieurs centaines d’emplois indirects sur un territoire déjà fortement impacté par la fracture territoriale. (...) Notre rôle d’élus locaux, engagés sur le terrain au quotidien, est de concilier le maintien de l’emploi et de l’activité dans les zones rurales et de montagne avec la nécessaire préservation de l'environnement.
Je comprends les réactions négatives qu’a pu susciter l’image d’un hélicoptère transportant de la neige depuis le haut de la station jusqu’à la piste dite "baby"(...) Je veux réaffirmer qu’il s’agit d’une intervention absolument exceptionnelle, engagée en dernier recours, et qui n’a pas vocation à se reproduire.