Au sortir des élections législatives du 7 juillet 2024, le Nouveau Front Populaire obtient le plus de sièges à l'Assemblée nationale. En Occitanie, l'ancienne région Midi-Pyrénées conserve une résistance relativement forte au Rassemblement National, contrairement au Languedoc-Roussillon. Comment l'expliquer ? Analyse du chercheur en sociologie politique, David Gouard.
Au soir du 7 juillet, le Nouveau Front Populaire arrive en tête des élections législatives anticipées. Derrière lui, le parti présidentiel, suivi du Rassemblement National. Ce dernier réussi néanmoins à obtenir beaucoup plus de sièges qu'en 2022 et sa progression est indiscutable. En Occitanie, on la constate surtout en Languedoc-Roussillon. Tandis qu'en Midi-Pyrénées, 20 des 26 députés sortants ont été réélus. David Gouard, chercheur et maître de conférences en sciences politiques aux universités de Toulouse et Montpellier, apporte son éclairage.
France 3 Occitanie : Comment interpréter cette victoire majoritaire des primo sortants ?
David Gouard : Dans beaucoup de cas, les députés sortants sont réinvestis. Avec une campagne très resserrée, les candidats n'ont eu que quatre jours pour se déclarer, donc tous les partis sont allés au plus simple et rapide. Les électeurs ont dû raisonner avec très peu d'informations. En Midi-Pyrénées, surtout dans les circonscriptions reconquises par le Parti Socialiste, ce sont des élus locaux qui ont un fort ancrage territorial, une forte notoriété, qui ont été investis. On le voit avec Laurent Panifous et Martine Froger en Ariège, réélus malgré leur refus de la bannière du Nouveau Front Populaire.
En Midi-Pyrénées il y a eu moins de renouvellements car moins de modifications profondes des sièges. Il n'y a pas eu de vague RN notamment, contrairement au Languedoc-Roussillon.
France 3 Occitanie : Comment expliquer cette différence entre les deux zones de la région ?
David Gouard : Électoralement, le Rassemblement National progresse partout, mais en Midi-Pyrénées, il part de plus loin. Il est tout de même là : dans le Tarn, deux circonscriptions leur échappent de peu. Mais l'ancienne région conserve globalement une relative spécificité territoriale sur le plan politique. En France, depuis 30 ans, la plupart des régions suivent les grandes tendances nationales. En Midi-Pyrénées, le réseau d'élus locaux, surtout socialistes, est une résistance à ces tendances. Il y a eu peu de basculements politiques, à l'exception d'une vague LREM aux législatives de 2017, dans la foulée des présidentielles, mais elle est vite retombée.
Pour quelques centaines de voix, je suis battu par le candidat Renaissance - LFI.
— Guilhem Carayon (@GuilhemCarayon) July 7, 2024
L’alliance contre-nature entre l’extrême gauche et Emmanuel Macron a gagné.
Ce soir, je suis triste et inquiet pour le Tarn et pour mon pays.
Mais le combat continue, l’espérance reviendra. 🇫🇷
Historiquement, les zones d'implantation du Front National étaient le pourtour méditerranéen, au sud-est et dans le quart nord-est du pays. Puis, elles se sont étendues. Toute l'ancienne région Languedoc-Roussillon a vu se développer le vote RN de manière très forte depuis quinze ans.
En Midi-Pyrénées, c'est beaucoup plus récent, car les réseaux partisans de gauche y sont vraiment implantés. En Languedoc-Roussillon, les anciens bastions de gauche se sont complètement étiolés, à partir des années 90. Le RN a alors progressé sur leurs décombres.