Arrivée en tête des législatives, mais loin de la majorité absolue, la gauche assure ce lundi qu'elle proposera "dans la semaine" un nom pour Matignon, tandis que les macronistes continuent de croire à une coalition autour de leur "bloc central". Les discussions s'annoncent longues et très disputées pour trouver un successeur à Gabriel Attal.
Après les résultats des élections législatives, vient la question épineuse de comment gouverner sans majorité ?
Un casse-tête pour l'union de la gauche, fragile malgré sa première place, et une macronie en recul. Les incertitudes demeurent plus que jamais. Ni le Nouveau Front populaire (NFP, autour de 180 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le RN et ses alliés (plus de 140 sièges) ne peuvent atteindre, seuls la majorité absolue (289 députés).
La gauche met déjà la pression
Le NFP doit présenter "dans la semaine" une candidature pour Matignon, a assuré sur franceinfo le patron des socialistes, Olivier Faure. Jugeant qu'il ne fallait pas donner "le sentiment que nous ne sommes pas capables de gouverner", Olivier Faure a assuré que le choix se ferait "soit par consensus, soit il y aura forcément un vote", entre les différentes formations du Nouveau Front populaire.
Sébastien Vincini, le secrétaire national du PS et président du département de la Haute-Garonne, est quant à lui prudent. "Le pays doit rester gouvernable" a-t-il déclaré chez nos confrères de Public Sénat.
Aujourd’hui, l’Assemblée nationale est à l’image d’une France fracturée.
— Sébastien Vincini (@SebVincini) July 8, 2024
Nous allons avoir besoin de dialogue. Comprendre ce que les Francaises et les Français ont exprimé et faire différemment.
Mais il va falloir aussi gérer le pays et être responsables. @publicsenat @LCP pic.twitter.com/h4DZII106w
La cheffe des écologistes, Marine Tondelier, a de son côté estimé sur RTL qu'Emmanuel Macron "devrait appeler aujourd'hui" la gauche à lui transmettre un nom de Premier ministre.
Le Premier ministre sortant Gabriel Attal a remis dans la matinée sa démission à Emmanuel Macron. Le président de la République lui a demandé de rester en poste "pour le moment" afin d'"assurer la stabilité du pays" alors que la France doit accueillir les JO à partir du 26 juillet.
"Il y a une seule solution très difficile à obtenir : la coalition de l'arc républicain"
Du côté de l'Élysée, on joue la prudence : le chef de l'État "attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires".
Le processus pourrait prendre beaucoup de temps, dans l'attente d'un accord hypothétique entre plusieurs forces politiques sur un candidat pour Matignon et un programme.
"Il y a une seule solution très difficile à obtenir : la coalition de l'arc républicain. De la droite jusqu'à la sociale démocratie en excluant le RN et LFI. Mais le chemin sera compliqué" a réagi Jean-René Cazeneuve, le député sortant Renaissance du Gers, réélu ce dimanche au micro de France 3 Occitanie.
Nous sommes prêts à ce que se soit une personnalité du PS. C'est un gage de notre bonne volonté.
Jean-René Cazeneuve, député Ensemble/Renaissance de la 1ere circonscription du Gers
J'entends le #NFP expliquer qu'il va gouverner seuls et appliquer son programme.
— Jean-René Cazeneuve (@jrcazeneuve) July 8, 2024
Tout simplement impossible avec 185 députés / majorité à 289.
Ns avons besoin d'une coalition et d'un programme de compromis pr apporter stabilité et apaisement ds notre pays #legislatives2024
Dans un communiqué, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse a souligné l'importance de faire consensus : "J’émets le vœu que les partis responsables laissent de côté la seule logique de leur stérile affrontement habituel pour former un gouvernement de salut national unissant la gauche républicaine, notamment les socialistes, l’ancienne majorité macroniste, la droite et le centre."
A l’issue du second tour des élections législatives, les Français ont eu la sagesse d’écarter l’arrivée des extrêmes aux commandes de notre pays, refusant la dangereuse aventure que représentait le Rassemblement national, tout en limitant le nombre de députés mélenchonistes.…
— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) July 8, 2024
Les Français, interrogés ce matin dans les rues de Toulouse, étaient tout autant partagés. Entre satisfaction, soulagement, déception et surtout inquiétude de ne pas avoir (encore) de certitude sur la composition d'une équipe gouvernementale.