Le casse-tête du site unique de l'Université de Toulouse : "un seul grand établissement ou plusieurs" selon son président Michael Toplis

L'échéance de 2028 se rapproche pour définir l'avenir des établissements d'enseignement supérieur à Toulouse. Un projet d'établissement public expérimental (EPE) centré autour de l’université Paul Sabatier est en cours de négociations malgré l'existence de l'EPE Toulouse Capitole. Un choix cornélien pour le président de l'Université de Toulouse, Michael Toplis.

L'université de Toulouse se trouve à la croisée des chemins. D'ici 2028, elle devra trancher sur la structuration à adopter pour l'ensemble de ses établissements : créer "un seul grand établissement" rassembleur ou conserver "plusieurs" entités distinctes. Un choix cornélien qui engagera durablement l'avenir du site toulousain et sur lequel planent encore bien des incertitudes, comme l'explique Michael Toplis, président de l'Université de Toulouse.

France 3 Occitanie: L'Institut ANITI (Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute) vient d’obtenir sa labellisation comme cluster IA. Qu’apporte à l’université de Toulouse ce label ?

Michael Toplis: Pour nous, c'est une forme de reconnaissance du travail accompli dans le cadre d'ANITI 1. Cela confirme le site toulousain comme l'un des principaux centres de recherche en intelligence artificielle au niveau national et international. Ce label renforce la position de l'université dans ce domaine.

France 3 Occitanie: Ce label doit apporter plus de visibilité au site toulousain ?

Michael Toplis: Absolument. Il permet non seulement d'amplifier nos efforts actuels, mais aussi de les étendre. Cela concerne autant la recherche que la formation. Par exemple, nous allons créer un master international spécialisé en intelligence artificielle de "confiance", un domaine crucial pour les transports, comme les avions et les véhicules autonomes. Le site toulousain se positionne ainsi comme un spécialiste de cette branche de l'IA.

France 3 Occitanie: Concernant le projet de site, où en est-il aujourd'hui ?

Michael Toplis: Nous travaillons actuellement à la création de projets inter-établissements au sein de la COMUE de l'Université de Toulouse. Et donner une nouvelle impulsion avec la construction d’un établissement public expérimental (EPE) centré autour de l’université Paul Sabatier. Bien que rien ne soit encore décidé, Paul Sabatier a exprimé son souhait de jouer un rôle majeur, et des discussions sont en cours dans les différents établissements du site.

France 3 Occitanie: Quel est l’objectif de cet EPE ?

Michael Toplis: L'idée est de créer un "grand établissement" sur le site toulousain. À la fin de la période d'expérimentation de 10 ans, qui se termine en 2028, il sera possible de créer des structures innovantes qui dérogent au code de l'éducation. Plusieurs villes françaises, comme Nice, Grenoble, et Cergy, ont déjà pris cette direction. Nous visons à doter Toulouse d'une structure capable de porter les stratégies collectives des acteurs du site.

France 3 Occitanie: Mais un EPE existe déjà, celui de UT Capitole. Les deux peuvent cohabiter ?

Michael Toplis: Oui, c'est tout à fait possible. Il n'y a aucun obstacle juridique à ce qu'il y ait plusieurs EPE sur un même site. Par exemple, à Montpellier, l'Université de Montpellier et Paul Valéry créent chacun leur EPE. Est-ce que notre cible est d'avoir un grand établissement sur le site toulousain ? Est-ce que c'est d'en avoir deux ? Quelle est la stratégie de chacun ? On a un peu de temps pour faire ce genre de choix, même s'il y a l'émergence d'un EPE autour de Paul Sabatier. L'essentiel est de définir notre stratégie collective pour 2028 : un seul grand établissement ou plusieurs, selon ce qui sera le plus bénéfique pour notre site.

France 3 Occitanie: Qui pourrait composer cet EPE ? En janvier 2022, TSE s’était justement rapproché de l’université Paul Sabatier pour concurrencer le projet de l’Université de Toulouse à travers la Toulouse Tech University (TTU). Pourrions-nous voir TSE finalement rejoindre l’EPE de Paul Sabatier ?

Michael Toplis: Non, à l’époque du projet de TTU, TSE était un composante interne de l’Université Toulouse 1 Capitole.  TSE fait désormais partie de UT Capitole avec une personnalité morale et juridique propre, ce qui empêche une double appartenance à un autre EPE pour l’instant. Ils pourront le faire dans une autre temporalité, mais aujourd'hui, ils ont une forme de contrat de mariage au sein de l'UT Capitole sur lequel il y a un engagement auquel ils ne peuvent pas renoncer. Donc aujourd’hui, TSE reste à Capitole.

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Concernant l’EPE de Paul Sabatier, plusieurs membres fondateurs de la COMUE ont exprimé leur intérêt pour y participer. Les discussions se poursuivent pour affiner les statuts et les niveaux d'intégration. Tout ceci reste à affiner dans un calendrier particulièrement contraint qui ne facilite pas forcément une prise de décision sur des questions extrêmement engageantes à court terme.

France 3 Occitanie: Comment gérez-vous les tensions et rivalités autour de ces projets ?

Michael Toplis: Malgré les tensions, une dynamique positive émerge autour de la restructuration de l'enseignement supérieur à Toulouse. Le projet TIRIS, très bien doté, est un exemple de succès collectif. Ce projet inter-établissements nourrit l’ambition de créer une stratégie de site rassembleuse, capitalisant sur nos forces académiques locales.

France 3 Occitanie: À vous écouter, il n'y a pas de concurrence entre les deux EPE ?

Michael Toplis:  En théorie, non. Nous devons définir une stratégie collective pour 2028. Que ce soit un seul grand établissement ou plusieurs, l'important est de consolider nos efforts et de valoriser le travail collectif derrière une marque partagée.

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