Environnement. 200 scientifiques, opposés à l'autoroute A 69 entre Toulouse et Castres, demandent l'arrêt immédiat des travaux

Hasard du calendrier ou pas, au moment où Thomas Brail, le défenseur des arbres, est délogé à Paris, 200 scientifiques du collectif toulousain Atécopol publient une tribune dans Mediapart. Ils demandent l'arrêt immédiat des travaux de la future A69.

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Hier matin dimanche 24 septembre, la brigade d'intervention de la police et des pompiers sont venus déloger Thomas Brail perché sur un arbre devant le Ministère de la transition écologique à Paris.

Quasi au même moment, 200 scientifiques du collectif toulousain Atécopol ont publié dans Mediapart une lettre ouverte à la présidente de Région Carole Delga, au président du conseil départemental du Tarn, au maire de Castres ainsi qu'aux ministres des transports et celle de la transition écologique. 

Les scientifiques toulousains unanimes contre le projet

Depuis 2018, l’Atelier d’écologie politique (Atécopol) participe à la construction d’une communauté pluridisciplinaire de scientifiques travaillant ou réfléchissant aux multiples aspects liés aux bouleversements écologiques.

Ils viennent de jeter un nouveau pavé sur le chemin de l'autoroute A69. Dans une lettre ouverte à Carole Delga (Présidente de la Région Occitanie), Christophe Ramond (Président du Conseil Département du Tarn), Pascal Bugis (Maire de Castres), Clément Beaune (Ministre des Transports) et Agnès Pannier-Runacher (Ministre de la Transition Ecologique) publiée dans Mediapart, ils demandent l'arrêt immédiat des travaux. De quoi redonner du baume au cœur de Thomas Brail et tous les militants qui se battent contre le projet. 

Ce collectif regroupe des spécialistes de nombreuses disciplines : climatologie, écologie, urbanisme, agronomie, économie, etc... basés dans la région toulousaine. Voici un extrait de cette lettre : "Dans ce collectif à l'expertise reconnue, pas un·e seul·e membre n’est favorable à la construction de l'autoroute A69. Pas un. Pas une. Il s'agit d'un rejet unanime. Autrement dit, la politique d'aménagement du territoire que vous soutenez est contraire à l'avis des scientifiques toulousain·es les plus concerné·es par l'habitabilité de notre planète. Toutes et tous s'accordent sur le fait qu'il est crucial d'arrêter ces travaux au lieu de miser sur le passage en force. Il est plus que temps de mettre un terme aux pratiques d'aménagement obsolètes, vestiges d'un passé qui nous a mené·es au désastre climatique et écologique actuel."

5 points qui posent problème selon eux

  • Le premier point relevé par les 200 scientifiques est le suivant : permettre à des voitures individuelles de rouler plus vite et sur de plus grandes distances est "absurde au vu des enjeux climatiques." Ils préconisent au contraire une réduction de la vitesse sur les autoroutes existantes pour diminuer l'impact sur le réchauffement climatique.

  • Voyager en voiture entre Toulouse et Castres pollue : 3 fois plus de CO2 qu'avec le TER et 8 fois qu'en autocar. Et les scientifiques de poursuivre : "nous vivons quotidiennement les insuffisances du réseau de transport en commun régional : autocars complets, trains régulièrement annulés et insuffisants. Ce projet aura pour effet d’accentuer les inégalités sociales et climatiques, car il consiste à développer un moyen de transport plus émetteur pour celles et ceux qui peuvent se payer un trajet rapide en voiture sur une autoroute à péage."

  • Des études auraient prouvé (toujours selon le collectif) que le lien entre la présence d'une autoroute et le développement économique est loin d'être établi. Il pourrait même s'agir du contraire en exacerbant la compétition entre territoires en favorisant les dynamiques existantes. Autrement dit, l'autoroute serait surtout profitable pour la métropole toulousaine sans pour autant désenclaver le bassin castrais. Ce qui expliquerait que beaucoup d'élus de petites villes s'opposent au projet.

  • Et même si ce nouvel aménagement était profitable, ils considèrent que "cela ne justifie pas les pertes de terres agricoles, l’artificialisation d’espaces sauvages, les dommages sur la santé des populations induits par les centrales à enrobés, les expropriations, les dizaines de milliers de tonnes de CO2 qui seront émises au cours de la construction et les milliers par an supplémentaires lors de l’utilisation.

  • 5e point, la proposition qui est faite de compenser ce qui est détruit en plantant des arbres (c'est aussi ce qu'avance le Ministre Clément Beaune) et en faisant des aménagements écologiques ne trouve pas grâce à leurs yeux. "Non, un arbre centenaire ne peut être remplacé par cinq jeunes arbres : il est irremplaçable dans les échelles de temps qui nous concernent, en raison du carbone qu'il contient, qu'il continue de capter, des autres vivants avec lesquels il interagit, de son importance dans la régulation du cycle de l'eau et du microclimat local.... La mise en avant de mesures de compensation ne règle donc en rien les questions fondamentales : l'inutilité du projet, son incompatibilité avec les lois relatives à la transition énergétique et écologique, son orientation à l'opposé des nécessaires changements dont notre société a besoin, et son développement au mépris des règles démocratiques."

En conclusion, le collectif Atécopol note les records de températures battus un peu partout en France et notamment à Toulouse (+2°C) et les différentes catastrophes écologiques subies par les habitants. La mobilisation citoyenne aurait fait émerger d'autres projets plus enthousiasmants selon eux : véloroutes, agro-écologie, haies bocagères, ressourceries, productions alimentaires locales, arrêts de train supplémentaires...

De quoi nourrir les réflexions d'un gouvernement qui soutient mordicus que le projet ira jusqu'au bout, soutenu par les principaux élus locaux.

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