Inauguré le 1er octobre 2011 dans le quartier des 7 deniers, le lieu aurait pu ne jamais exister. Les anciens de l'usine Job, et les habitants du quartier se sont mobilisés pour que le site, emblème d'une histoire industrielle et militante, devienne un espace culturel et associatif exemplaire.
On l'appelle depuis toujours le vaisseau Amiral, le bâtiment Job se dresse au cœur du quartier des Sept deniers à Toulouse. Trois lettres en rouge vif sur sa façade, une fierté pour les habitants du quartier.
Depuis 6 ans, l'espace Job réunit au sein d'un collectif, des associations citoyennes et culturelles, une école de musique et une piscine. Inauguré le 1er octobre 2011. Pourtant l'usine a failli disparaître et avec lui tout un pan de mémoire, car il perpétue une longue histoire militante à Toulouse.
Une histoire ouvrière
Job, c'est d'abord un emblème : celui d'une industrie papetière florissante, avec 300 salariés. L'usine construite dans les années 30 produit du papier destiné à la mise en cahier du papier à cigarettes, puis du papier de luxe "le couché classique". A partir des années 90, le site deviendra un haut lieu de lutte sociale. Des années durant les salariés se battront pour conserver leur activité et leurs emplois.
"Cette période, a suscité une résistance ouvrière et une lutte syndicale qui ont débordé le simple cadre de l'usine de papier. Des manifs spectaculaires se sont déroulées, à la gare ou à l'aéroport, au tribunal, dont les Toulousains se souviennent encore", peut-on lire sur le site du collectif Job.
Un lieu de vie et de convivialité
Job est désormais un lieu associatif et citoyen, l'un des plus vivants de la ville rose. Il ne reste sur le site que le bâtiment principal, un bel exemple d'architecture art déco, qui rappelle l'importance de l'état d'esprit des "Job".
L'espace Job est également né d'une autre volonté, celle des habitants du quartier.
En 2002, le site est vendu et promis à la destruction. Des immeubles d'habitations doivent y prendre place. Les anciens salariés de l'usine s'y opposent. Ils vont trouver le soutien d’associations du quartier qui ont besoin d'un lieu pour leurs activités, et la pugnacité des habitants des Sept deniers.
Eux aussi manifesteront pour conserver le bâtiment amiral. Une autre lutte s'engage durant 5 ans, avant qu'ils n'obtiennent gain de cause. La mairie rachètera le bâtiment. Il sera réhabilité.
En octobre 2011 L'espace Job est enfin inauguré. Aujourd'hui son histoire continue sous la houlette du collectif Job. Le lieu est cogéré par les associations et la mairie, c'est un exemple de fonctionnement unique en France. Ce ne sont pas des adhérents, mais des citoyens qui se retrouvent pour mettre en place le programme et les activités de l'espace Job.
Un état d'esprit qui se perpétue
Aujourd'hui, l'état d'esprit Job demeure et continue de se perpétuer. L’espace Job est un lieu de vie incontournable, d'action et d'expression aussi. Et quand la municipalité a proposé en 2016 de rebaptiser la place Job, place Guy Novès, la résistance s'est organisée, de nouveau. Et la mairie a renoncé à son projet.
La dernière tempête, comme les précédentes, aura fait une fois encore tanguer le vaisseau Job, mais sans lui faire perdre son cap.
Le reportage de Corinne Lebrave et Jack Levé :