Vincent T. attirait les jeunes enfants via les forums du jeu en ligne Fortnite, une technique bien rodée qu'il a mise en place à sa sortie de prison. Cette pratique lui aurait permis d'entrer en contact avec deux jeunes enfants de 9 ans qu'il aurait agressés, malgré l'interdiction qu'il a d'entrer en contact avec des mineurs. Il est jugé par le tribunal correctionnel de Bordeaux ce 13 novembre.
À tout juste 34 ans, c'est la quatrième fois que ce pédocriminel passe devant une juridiction française pour des faits similaires. La présidente du tribunal ne manque pas de le rappeler dès le début de l'audience, en faisant le compte de ses condamnations : trois ans avec sursis, trois ans fermes puis six ans.
Son modus operandi est toujours le même. Sévissant sur internet, le trentenaire se rapproche de jeunes enfants afin de s'attirer leur sympathie. Vincent T. est poursuivi ce mercredi 13 novembre pour "consultation habituelle d’un service de communication en ligne mettant à disposition l’image ou la représentation pornographique d’un mineur", "détention" et "diffusion" d’images pédopornographiques, en récidive, "agression sexuelle" sur deux petits garçons de 9 ans et "voyeurisme" sur ces enfants et deux autres, entre fin 2021 et 2023.
"J'avais l'impression de ne pas être la même personne"
Depuis le banc des accusés, il doit affronter le regard de l'une de ses victimes, aujourd'hui âgée de 11 ans et qui a souhaité assister au procès. Vincent T. parle calmement. Il justifie les milliers de fichiers retrouvés sur son ordinateur, par des "téléchargement de masse", tout en signifiant qu'il ne regardait pas tout.
À la barre, le prévenu admet la réalisation et la diffusion d'images pédopornographiques. Il dit regretter et avoir honte, c'était "plus fort que lui" : "j'avais l'impression de ne pas être la même personne".
Les agressions sexuelles : "je n'aurais jamais pu faire ça".
Pour autant, Vincent T. conteste les agressions : "je n'aurais jamais pu faire ça". Face à lui, la Présidente reprend les mots employés par l'enfant abusé qui dit qu"'il a lui a touché le zizi". "On lui a dit de le dire", rétorque le prévenu.
Vincent T. assure avoir été lui-même victime de viol : "C'est malgré moi que je reproduis ce que j'ai vécu, j'ai grandi seul sans avoir des amis dans ma tranche d'âge".
Par ailleurs, il énonce qu'il avait le projet de s'installer avec une femme qui avait deux enfants, et ce, malgré le fait, comme le rappelle la Présidente, qu'il a interdiction d'entrer en contact avec des mineurs. Une décision prise par le tribunal correctionnel de Niort en 2018, lors de sa troisième condamnation.
Des dizaines de milliers de photos pédopornographiques
En 2021, Vincent T. sort à peine de prison. Il vient de purger sa troisième peine pour voyeurisme et agression de mineurs, les mêmes faits qui lui sont aujourd'hui reprochés. Sur son téléphone, plus de 88 000 photos pédopornographiques avaient été retrouvés et plus encore sur son ordinateur. Une arrestation qui a été rendue possible par le travail scrupuleux du pôle cybercriminalité de la police suisse.
Condamné à 6 ans de prison en 2018, il n'en a effectué que la moitié. Malgré un suivi socio-judiciaire mis en place pour dix ans et une injonction de soins, il est retourné sur Internet quelques jours après sa sortie de détention, pour entrer en contact avec de jeunes enfants.
Retrouvé sur le darknet par le FBI
En 2023, c'est le FBI qui permet de retrouver la trace de Vincent T. sur le darknet. La cellule de surveillance des policiers fédéraux américains, met à jour des échanges sur un forum d'un prénommé "Dadboy", dans lequel il partage des images pédopornographiques. Il se présente comme un père agresseur de son enfant de huit ans, et dit ainsi "construire sa légende". Il y déclare également avoir des relations régulières avec un jeune garçon, qu'il propose de présenter au reste des membres du forum.
Les policiers américains se rapprochent tout de suite de l’Office des mineurs, service central de police judiciaire, dédié à la pédocriminalité. L'enquête permet d'identifier l'individu. Vincent T. est interpellé à Bègles, dans la métropole bordelaise. À son domicile sont retrouvés, une nouvelle fois, des milliers de clichés pédopornographiques.
L'utilisation de Fortnite
Sa manière d'aborder les jeunes enfants semble être restée la même : par le biais d'internet. En 2022, il entre en contact avec la mère d'un jeune garçon de 9 ans. Celle-ci souhaite des conseils techniques pour aider son fils joueur à Fornite, célèbre jeu vidéo en ligne.
Après de nombreux échanges, Vincent T. se rapproche de cette famille monoparentale, au point où il est même invité à passer du temps chez elle en Vendée. C'est à ces occasions qu'il aurait agressé l'enfant, ainsi que l'un de ses camarades.
Quelque mois plus tard, il aurait agi de la même façon, toujours sur Fortnite, avec une deuxième famille domiciliée dans le Nord. Elle aurait également fait les frais de la manipulation de l'individu pour se rapprocher de leur enfant.
Parmi les plaignants, un enfant a échappé au pire. Théo ne s'est pas rendu au rendez-vous fixé par l'agresseur, qui se fait passer pour un ado de 15 ans : ses parents ont surpris les échanges. Ils l'en empêchent et déposent plainte, début 2022. Celle-ci sera classée sans suite.
Un risque élevé de récidive
À l'image de ce qui s'est produit jusqu'à présent, les experts consultés par la justice estiment le risque de récidive de Vincent T., comme étant, élevé. Ils ne relèvent, par ailleurs, chez cet homme employé en tant que gestionnaire de paie, aucune empathie à l'égard des victimes et une perversité décrite comme structurale.
Lorsque la présidente évoque la possibilité de la castration chimique, il lui répond qu'il n'a pas voulu, car on le lui a déconseillé en raison de la prise de poids, avant d'ajouter "on se moque déjà de moi parce que je suis gros".
Ce 13 novembre, le ministère public a requis huit ans de réclusion. La décision a été mise en délibéré.