Anne Diana Clain, la soeur aînée des Toulousains Fabien et Jean-Michel Clain, les "voix" des attentats du 13 novembre 2015, comparaît à partir de ce mardi à Paris pour avoir tenté de les rejoindre en Syrie. Retour sur le parcours d'une famille toute entière au coeur du djihad.
Son nom de famille est l'un des plus connus de la "djihadosphère" française. Ses frères, Fabien et Jean-Michel, furent les voix francophones du groupe Etat islamique. Anne Diana Clain, l'aînée de la famille, comparaît à partir de ce mardi après-midi à Paris pour avoir tenté de les rejoindre en Syrie. Emprisonnée depuis son expulsion par la Turquie en septembre 2016, cette femme de 44 ans appartient à une famille qui fut au coeur de la nébuleuse islamiste toulousaine pendant plusieurs années. Son mari, Mohamed Amri, un Tunisien de 58 ans, a joué un rôle majeur dans la conversion à l'islam, dès 1999, de toute sa famille chrétienne, originaire de la Réunion.
Toute une famille en Syrie
D'abord son frère, Jean-Michel Clain avec ses proches, ensuite son autre frère avec sa famille et même leur mère. Toute la famille d'Anne Diana Clain a gagné la Syrie et les zones tenues par les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) entre 2014 et 2015.Elle est la dernière à partir, en août 2015. Avec son mari Mohamed Amri, leurs trois enfants et son fils issu d'un précédent mariage, tous mineurs, elle tente de gagner la Syrie via la Grèce. Leur périple s'arrête d'abord à la frontière gréco-turque. Refoulés, ils se replient vers la Bulgarie où ils attendront une fenêtre favorable pendant plus de huit mois.
Ils passent finalement en Turquie mais sont interceptés en juillet 2016 alors qu'ils s'apprêtent à entrer en Syrie, incarcérés, puis expulsés.
Devant les enquêteurs, elle explique qu'il s'agissait de rejoindre sa famille en Syrie pour vivre dans un "Etat musulman".
Contrairement à elle, son époux, Mohamed Amri, a nié tout projet d'installation en Syrie.
Une famille décrite comme une "secte" extrémiste
Anne Diana Clain et son mari comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Au-delà de cette tentative, ce procès promet une plongée dans la famille Clain décrite par un ancien proche comme une "secte" extrémiste.Un lourd contexte familial qui pourrait peser dans la balance judiciaire, les juges d'instruction estimant dans leur ordonnance de renvoi qu'Anne Diana Clain et Mohamed Amri sont partis en connaissant parfaitement la "nature terroriste" de l'EI et les hautes fonctions de propagandistes des frères Clain.
Ces deux derniers ont enregistré de 2015 à 2018 de nombreux messages et chants ultra-violents en français, en particulier la revendication des attentats du 13 novembre 2015.
Ils ont été tués en février par des frappes de la coalition internationale à Baghouz, ultime bastion de l'organisation Etat islamique.
Radicalisés de la grand-mère aux petits enfants
La mère des frères et soeur Clain, Marie-Rosanne Grosset est décédée peu après son arrivée en Syrie en 2015. Si les deux épouses des frères Clain sont toujours détenues au Kurdistan, Jennifer, la fille aînée d'Anne Diana Clain a pour sa part été arrêtée en Turquie en juillet 2019.
Cette femme de 28 ans est l'épouse d'un autre djihadiste de la région, le lotois Kevin Gonot emprisonné et condamné à mort en Irak.
Expulsée de Turquie en septembre, elle est désormais écrouée en France, comme sa mère.