Les hôpitaux d'Occitanie font face à un manque d'infirmiers, de médecins et d'aide-soignants. Cette situation entraîne la fermeture de lits dans l'ensemble des établissements de la région et accentue une tendance vieille de 20 ans.
"Nous manquons de personnel". Ce constat de Christophe Couderc, délégué syndical de la CGT Santé dans le Tarn-et-Garonne, n'est pas le seul à le faire en Occitanie. La situation est telle que le directeur de l'hôpital Saint Louis d'Ax-les-Thermes (Ariège) a lancé un "appel à l'aide" sur l'antenne de France Bleu Occitanie, lundi 8 novembre, afin de trouver six infirmiers. A cause de ces postes non pourvus, l'établissement hospitalier s'est retrouvé dans l'obligation de fermer une vingtaine de lits depuis septembre.
Lits et services fermés
"Nous avons fermé une vingtaine de lits afin que nos moyens en personnel soient à la hauteur de ceux toujours ouverts" explique Dominique Bonrepaux, DRH de l'hôpital d'Ax-les-Thermes, au micro de la radio locale.
À Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, les urgences sont sur le point de fermer la nuit, faute de médecins.
10 à 15% de lits fermés en Ariège
Selon une étude du ministère de la Santé, plus de 5 700 lits d’hospitalisation ont été fermés durant l’année 2020. Cela représenterait 20 % du nombre total de lits, selon le Conseil scientifique. Un chiffre "erroné" pour le ministre de la Santé, Olivier Véran. La réalité pourrait se situer aux alentours de 6% d'après un rapport de la Fédération hospitalière de France (FHF).
"Sur l'Ariège, nous sommes plus proches des 10 à 15% de lits fermés, estime Yvan Dupont, coordinateur régional de la CGT Santé. Pour les autres départements, cela se situe en général, et à ce que j'en sais, aux alentours de 10%".
La tendance n'est pas nouvelle. Comme le montre cette carte, l'ensemble des départements d'Occitanie ont perdu entre 2,28% (Gard) et 29,98% (Aveyron) de leurs lits en vingt ans.
Politique d'austérité, bas salaires, mauvaises conditions de travail
Le résultat de 20 ans de volonté politique de réduire les budgets des hôpitaux et de réorganiser les établissements vers une offre ambulatoire. Les contraintes de personnel ne permettant pas de maintenir des lits sont une autre réalité.
Le numérus clausus, la dégradation des conditions de travail, les salaires extrêmement bas sont les principales raisons avancées pour expliquer ces difficultés de recrutement. "Après trois années d'études, les infirmiers commencent à 1600 euros net, les aides-soignants au Smic. Lorsqu'ils commencent à travailler au sein d'un établissement, un infirmier se retrouve à devoir gérer 15 patients là où en Espagne, il ne s'occupe que de 8 personnes. Il y a un manque structurel qui nous place dans une situation dramatique. Cela fait bien longtemps que l'on ne soigne plus" déplore Christophe Couderc.
Une offre de soin détériorée
"En Ariège, certains soignants viennent, mais ne restent pas. Au bout de trois semaines, ils préfèrent partir, témoigne Yvan Dupont. Beaucoup de patients ariégeois doivent par exemple se rendre à Toulouse ou dans sa région s'ils veulent consulter un dermatologue. En psychiatrie, des adolescents doivent attendre quatre à cinq mois avant d'être pris en charge, en raison du manque de lits."
Les syndicats réclament une véritable revalorisation de la rémunération dans le secteur, mais aussi plus de moyens. À l'évocation de la visite d'Olivier Véran début novembre dans le Tarn afin d'annoncer des investissements en faveur des hôpitaux de Graulhet, Gaillac et Albi, la réponse est cinglante : "la campagne électorale se prépare, éructe Christophe Couderc. Tout cela, c'est du vent."