A quatre jours de la fin de la trêve hivernale, plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi à Paris et en province, notamment à Toulouse, pour dénoncer la reprise des expulsions locatives à partir du 1er avril et la fermeture de places d'hébergement d'urgence pour sans-abri.
A l'appel de la plate-forme logement des mouvements sociaux, un collectif d'associations et de syndicats, une dizaine de rassemblements ont été organisés dans toute la France.
"Qu'est-ce qu'on veut ? Un logement ! Pour qui ? Pour tous ! Un toit, c'est la loi", ont scandé à Paris les "plus de 600 manifestants", selon la police, qui ont marché entre République et le Pont-Neuf à Paris.
Locataires en voie d'expulsion, femmes hébergées en hôtels sociaux avec leurs enfants, mineurs étrangers isolés sans logements, salariés surendettés: tous ont défilé derrière une grande banderole "Non au logement cher ! Pas d'expulsion ! Baisse des loyers ! Un logement pour tou(te)s !"
"Y'en a marre des hôtels pourris avec des cafards et des souris. On veut un logement décent pour nos enfants", a hurlé une jeune femme au micro. A ses côtés, une dizaine de jeunes hommes, "mineurs à la rue", portaient des pancartes "État hors-la-loi".
Ils étaient une centaine à Toulouse, à l'appel du DAL (association pour le droit au logement) et une trentaine à Rouen, selon la police.
"Avant le début de la saison des expulsions, on veut tirer la sonnette d'alarme sur une crise du logement sans précédent", a déclaré Jean-Baptiste Eyraud de l'association Droit au logement (Dal), revendiquant plus de 2.000 manifestants à Paris.
Selon lui, près de 126.000 jugements d'expulsion ont été rendus en 2013 et 140.000 sans-abri ont été recensés, des chiffres en constante progression. "Nous sommes tous unis aujourd'hui pour dire à Madame Pinel (ministre du Logement, ndlr) qu'il faut baisser les loyers, suspendre les expulsions, faire
appliquer la loi Dalo (droit au logement opposable) et construire de vrais logements sociaux", a-t-il poursuivi.
La trêve hivernale des expulsions, qui a protégé pendant tout l'hiver les plus démunis, s'achève au 31 mars. Au même moment, les 8.000 places d'hébergement d'urgence ouvertes pendant l'hiver pour mettre à l'abri les SDF vont commencer à fermer, risquant de renvoyer à la rue des milliers d'entre eux, même si le ministère du Logement a annoncé mardi la création de 2.000 places supplémentaires pérennes.