Grève des infirmières de bloc opératoire : "On a toujours été les oubliées du système"

Les infirmières de bloc opératoire du CHU de Toulouse sont en grève illimitée depuis le 23 septembre pour exiger une revalorisation de leur spécialité. A la tête de ces personnels en colère, Sandrine Boulou se dit épuisée par le manque de considération dont est victime sa profession. Entretien.

Blouses chirurgicales nouées et calots sur la tete, Sandrine Boulou et ses collègues sont venues mener une opération particulière devant leur lieu de travail. 
Habituées au bloc opératoire, c'est sur le parvis du CHU qu'elles se sont retrouvées ce lundi pour réclamer une reconnaissance de leur "haute technicité". 

"Nous avons reçu une formation de 18 mois supplémentaires à l'issue de notre école d'infirmière. Nous sommes expertes de la gestion des risques au bloc opératoire et le garant de la sécurité  des soins", souligne fièrement Sandrine Boulou. 

Compétences exclusives 


Depuis 2015, les infirmières de bloc opératoire diplômées d'Etat (IBODE) sont habilitées à pratiquer des actes exclusifs pour libérer du temps aux chirurgiens. 

Installation du patient en salle d'opération, mise en place des drains, fermeture cutanée et sous-cutanée (points de suture) : des compétences qui leurs sont propres et pour lesquelles elles ne perçoivent aucune compensation salariale. 

Jusqu'alors on se taisait, mais la proposition de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, de confier ces même compétences aux infirmières des Urgences moyennant une prime de coopération, nous a mis dans une colère noire. On se sent lésées. On a toujours été les oubliées du système, s'attriste Sandrine Boulou. 


A 53 ans, cette Toulousaine se dit toujours aussi passionnée par son métier. "J'ai toujours voulu travailler en bloc opératoire. C'est ce que qui m'a poussé à passer ma spécialité. J'ai de grandes responsabilités et j'en suis fière mais j'estime que ces responsabilités doivent être valorisées.
 

Quelques euros de plus 


A l'heure actuelle, un infirmier de bloc opératoire en début de carrière perçoit quelques euros de plus qu'un infirmier classique et jusqu'à 150 euros en fin de carrière. "Une spécialité qui n'est clairement pas incitative", précise Sandrine Boulou. 


Conséquence : le nombre de candidats à la spécialité "bloc opératoire" ne cesse de diminuer. Le CHU de Toulouse compte environ 60 infirmiers de bloc opératoire, "mais cet effectif est à la baisse car les conditions salariales ne sont pas intéressantes", commente Sandrine. 

Alors il y a moins de deux ans, Sandrine Boulou a créé avec d'autres collègues le syndicat national des infirmiers en bloc opératoire dont elle a pris la tête. "Nous n'étions jusqu'alors pas représentés, et il est grand temps que l'on se fasse entendre". 


Reçue le 1er octobre dernier par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, elle n'a pour l'heure obtenu aucune avancée. "Notre combat continue et notre colère s'intensifie", conclut la présidente du syndicat. " Des patients mis en danger"

Dans les rangs de la manifestation ce lundi, certaines infirmières nous ont confié leur inquiétude sur la sécurité des patients en bloc opératoire. 
Faute de personnel suffisant, les actes exclusivement réservés aux infirmiers de bloc opératoire sont parfois réalisés par des infirmiers "classiques" qui ne disposent pas de la formation et des compétences nécessaires. 
" On nous demande à nous, infirmiers en bloc opératoire, de former sur le tas nos collègues. Cela est parfaitement illégal et met en danger la sécurité des patients", nous ont relaté plusieurs infirmières en bloc opératoire. 
Parmi leurs revendications, les infirmiers en bloc opératoire réclament une formation obligatoire pour tout infirmier affecté au bloc opératoire. 

 
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