Des collégiens et des lycéens, en situation de handicap, n'ont plus de transport scolaire. Les familles sont obligées de recourir au système D. Cette situation, source de tension et de complication, est liée à une modification du dispositif géré par le conseil départemental de la Haute-Garonne.
La rentrée scolaire est toujours plus ou moins stressante pour les familles. Mais, pour des enfants vivant sur plusieurs communes de la Haute-Garonne, le retour en classe vire carrément au "cauchemar". Mathieu et plusieurs de ses camarades ont dû se débrouiller et improviser dans l'urgence. Les taxis qui assurent, depuis des années, le transport scolaire ne sont pas venus.
Des élèves "laissés " sur le bord de la route
La mère de Mathieu a connu des rentrées normales et même - selon ses propres mots - "parfaite". L'an dernier, un chauffeur de taxi est venu chercher le lycéen et l'a déposé à une vingtaine de kilomètres de son domicile : le lycée professionnel dans lequel il est scolarisé.
Tout au long de l'année, le même transport a été assuré. Un vrai service. "Le chauffeur était extrêmement bienveillant. Il prévenait en cas de retard. C'était vraiment parfait" souligne la mère de Mathieu. Ce n'était pas simplement une question de confort. Mathieu est atteint d'un trouble autistique. Le fait de disposer d'une régularité et de repères est essentiel pour le jeune autiste.
Ce n'est pas par plaisir que Mathieu prend un taxi. Il n'est pas capable de faire autrement et de prendre les transports en commun
Mère de Mathieu
Pour le lycéen de 17 ans, c'est désormais du passé. "Il a fallu lui expliquer qu'il n'y aura pas de taxi. Ce n'était pas simple" précise sa mère. La famille de Mathieu a dû trouver en urgence des solutions non pour la rentrée, mais aussi les jours à venir. Samedi dernier, moins de 48 heures avant la reprise des cours, le taxi a été annulé faute de chauffeur disponible. Aucune certitude pour les prochains jours. La famille de Mathieu va devoir s'organiser pour trouver un moyen de transport.
La mère du jeune lycéen a "peur que cela devienne récurrent et de se retrouver à nouveau sans taxi". D'autres familles de la Haute-Garonne sont confrontées à la même angoisse et toujours pour la même raison : une décision du conseil départemental de la Haute-Garonne. En effet, la collectivité locale, gestionnaire du dispositif de transport, a modifié le recrutement des taxis.
Un nouveau dispositif en cause
En juin dernier, le conseil départemental a informé les familles que le dispositif de transport allait être modifié. Lors d'une réunion en ligne, les nouvelles modalités ont été exposées. La mère de Mathieu a, d'ailleurs, trouvé la présentation "convaincante, sur le papier ça semblait fonctionner".
Depuis des années, les familles d'élèves en situation de handicap démarchent elles-mêmes des compagnies de taxi. Des devis sont envoyés au conseil départemental de la Haute-Garonne qui, ensuite, sélectionne et valide un professionnel. Les familles réglaient les courses puis elles étaient remboursées.
Pour la rentrée 2023, le conseil départemental a décidé de modifier les règles et d'appliquer les principes des marchés publics : appel d'offre, étude en commission des offres, désignation d'un bénéficiaire. Selon la mère d'un élève, la nouvelle procédure vire au "couac" : sélection tardive des compagnies de taxi, absence de prise en compte de la qualité du service et notamment de la disponibilité des chauffeurs...
La situation de handicap pas prise en compte
Une autre conséquence inquiète la mère d'un lycéen, à savoir le fait que des compagnies de taxi aient remporté des "lots". Autrement dit, un même professionnel peut assurer le transport de plusieurs élèves. Cela "rationalise" le ramassage scolaire en permettant une sorte de "navette". Mais, pour la mère d'un élève concerné, cela ne tient pas compte de la particularité des élèves transportés, à savoir leur situation de handicap.
"Mon fils à des rendez-vous, après les cours, avec l'orthophoniste et le kiné. Ses horaires ne correspondent pas à ceux des autres élèves qui prennent le taxi. Je vais être obligé d'aller le chercher ou de trouver quelqu'un" déplore une mère.
De son côté, le Conseil Départemental précise qu'il "n'est plus en capacité de maintenir le service à la carte qui existait jusqu'à présent" et met en avant que "les familles n'ont plus à rechercher elle même un prestataire".
Les services du département sont en train de recenser les situations individuelles afin que tous les circuits soient assurés par les entreprise prestataires au plus vite, certaines ayant fait remonter des difficultés de recrutement de chauffeurs.
Conseil Départemental de la Haute-Garonne
L'instauration d'un nouveau dispositif de transport fait suite, selon le Conseil Départemental, à une demande des services de l'Etat afin que les prestataires soient directement payer par la collectivité locale.