Chaque année, des cas d’intoxications au monoxyde de carbone sont signalés partout en France durant l’hiver. Les sapeurs-pompiers de Haute-Garonne tentent de sensibiliser aux gestes à adopter pour éviter ce genre d’incident. Tour d’horizon.
Les sapeurs-pompiers l’ont surnommé le « tueur silencieux ». Parce qu’il n’a pas de goût, pas d’odeur, qu’il est insipide et qu’il se diffuse dans l’air sans que l’on puisse l’identifier. « Et puis tout d’un coup, on a des nausées, des vomissements, des maux de tête voire des hallucinations ou une perte de connaissance », explique Christophe Ghiani. Pour le chef du groupement d’intervention du SDIS 31, il s'agit même d'un « mal pernicieux ».
Depuis le début de l’année, les sapeurs-pompiers de Haute-Garonne sont intervenus 135 fois pour des intoxications au monoxyde de carbone. Un chiffre plutôt stable par rapport aux années précédentes. « En moyenne, on réalise entre 100 et 150 interventions par an », confirme Christophe Ghiani.
Mais cette année, les températures hivernales couplées à une crise des tarifs de l’électricité inquiètent les secours. Ils craignent même une multiplication des interventions.
Des températures basses en pleine crise énergétique
« En ce moment, les températures sont en chute libre », relève Christophe Ghiani. Comme il tient à le rappeler, « plus il fait froid, plus on a tendance à chauffer son intérieur. C’est mathématique ». Et c’est précisément lorsque le mercure passe sous la barre des zéros que les interventions pour intoxication au monoxyde de carbone augmentent.
Cette année, en plus des températures hivernales, un autre facteur est à prendre en compte. Plusieurs pays dont la France traversent une crise énergétique, qui se traduit par une flambée des prix de l’électricité. Alors que le gouvernement craint une pénurie d’énergie avant la fin de l’année et appelle à la sobriété, les tarifs de l’électricité flambent. Cette situation pousse les citoyens à trouver de nouvelles sources de chaleur à moindre coût, ce qui peut représenter un risque majeur.
Éviter les utilisations artisanales
C’est précisément pour répondre au risque grandissant d’intoxication au monoxyde de carbone, les secours alertes sur les usages parfois dangereux de certains modes de chauffage. Des méthodes d’utilisation qui peuvent participer à une hyperproduction de monoxyde de carbone en intérieur et donc conduire à une intoxication. « Vous voyez des gens rentrer des barbecues à l’intérieur en hiver pour profiter de la chaleur des braises parce que ça leur fait économiser un peu d’énergie. C’est une situation à risque », explique Christophe Ghiani.
Un chauffage d’appoint va produire une quantité de monoxyde de carbone que vous n’avez pas quand vous chauffez avec votre chaudière principale et centrale
Christophe Ghiani, SDIS 31
Les secours assistent aussi régulièrement à des installations artisanales qui permettent de se chauffer mais qui représentent un risque. « Utiliser un poêle à pétrole liquide comme chauffage principal pendant huit ou dix heures alors qu’il sert habituellement de chauffage d’appoint va produire une quantité de monoxyde de carbone que vous n’avez pas quand vous chauffez avec votre chaudière principale et centrale », soulève Christophe Ghiani.
Vérifier les équipements avant de les utiliser
Et même lorsque l’on a recourt à des équipements typiques pour chauffer son intérieur, comme une chaudière ou une cheminée, cela peut représenter un risque. Ainsi, il convient de faire vérifier ses installations de production de chaleur. « Quand vous utilisiez une cheminée qui n’a pas été vérifiée depuis plus de vingt ans, cela peut générer du monoxyde de carbone ».
Ainsi, si vous en avez, pensez à faire ramoner vos cheminées par un organisme agréé avant de les utiliser. « En général on considère que ça doit être fiat tous les six mois lorsque l’on se chauffe au bois. Cela va permettre de dégager les gaz de combustion et éviter de stocker la suie et donc diminue le risque de feux de cheminée », rappelle le SDIS 31. À noter que les chaudières et les chauffages aussi doivent être entretenus annuellement.
Aérer et surveiller la qualité de l’air
« On peut installer des détecteurs de monoxyde de carbone pour vérifier le taux dans le logement », rappelle le secouriste. Des modèles homologués et certifiés aux normes européennes sont en vente libre dans les grandes surfaces.
Quand il fait froid, on a tendance à ne pas ouvrir les fenêtres, à ne pas aérer, mais ça peut sauver
Christophe Ghiani, SDIS 31
Même par températures glaciales, il est nécessaire d’aérer son intérieur « au moins dix minutes par pièce et par jour », indique Christophe Ghiani. Il est impératif de ne pas obstruer les aérations prévues dans un logement, qui permettent aussi de réguler l’air ambiant. « Quand il fait froid, on a tendance à ne pas ouvrir les fenêtres, à ne pas aérer, mais ça peut sauver » , achève Christophe Ghiani.