La campagne de fouilles menée dans la grotte de Coupe-Gorge à Montmaurin en Haute-Garonne vient de mettre à jour une découverte extraordinaire : l'humérus d'un homme datant du Paléolithique supérieur. Une période qui a livré peu de restes humains.
L'équipe du Muséum national d'Histoire naturelle avec des spécialistes du Centre de Recherches de Tautavel (UPVD) et du Muséum de Toulouse l'espérait, mais jamais elle n'avait réellement cru faire une découverte de cette importance. Après quatre semaines de fouilles sur la grotte de Coupe-Gorge à Montmaurin, en Haute-Garonne, les archéologues ont mis au jour un humérus gauche d'homme fossile.
Peu de restes humains de l'époque du Paléolithique supérieur
Une découverte faite dans un niveau archéologique riche en vestiges de faune (cheval, renne, ours, rhinocéros...) accumulés par des hyènes qui s'y étaient installés au cours du Paléolithique.
"Nous ne pensions pas trouver un humain dans ce contexte qui est celui d'une occupation par des carnivores. La hyène a consommé ses carcasses et a laissé ses excréments fossilisés. Pour ce début du Paléolithique supérieur, nous avons peu de restes humains. Tout cela fait que c'est une découverte importante" explique la paléoanthropologue, Amélie Vialet qui a laissé planer le suspens sur cette trouvaille sur les réseaux sociaux :
L'os humain a subi le même sort que les autres animaux, dont les restes ont été accumulés dans la grotte : il a servi de festin aux hyènes. Amélie Vialet raconte : "nous avons des traces assez nettes d'un machouillage de hyène. Vous avez vu l'os (cf photo ci-dessous), nous n'avons pas les extrémités. Il a donc été fracturé et probablement consommé. La partie centrale a été également cassée pour récupérer la moelle. C'est vraiment un os consommé avec l'action d'un carnivore et sans aucun doute une hyène. Nous avons des traces que nous pouvons observer à l'œil nue. Après, on va faire des analyses pour approfondir."
Consommé par la hyène et cannibalisé ?
Les chercheurs n'écartent pas la possibilité qu'il ait pu être aussi "cannibalisé". "Sur ce point, nous n'avons aucune trace évidente. De façon certaine, il a été consommé par une hyène. Est ce qu'elle est allée chercher un morceau d'humain quelque part ? On n'a pas le début de l'histoire, mais pas la fin."
Envoyé en laboratoire, l'os devra permettre de déterminer à quelle espèce il appartient. Néandertal ou Homo sapiens ?
"Nous pourrions dater l'ossement lui-même, grâce à une analyse au radiocarbone, mais il faut faire un petit prélèvement. Les restes étant exceptionnels, ce n'est pas facile d'effectuer prélèvement mais ce serait quand même la solution idéale pour obtenir une datation, espère Amélie Vialet. Cela nous permettrait de trancher plus facilement entre le Néandertaliens et l'Homo Sapiens. Ce serait vraiment la clé."
La paléoanthropologue a déjà étudié la forme et la dimension de l'os. C'était un individu de "petite taille" avec "un os très épais", laissant présager un caractère plus "primitif". De quoi laisser croire à un Néandertalien. Les fouilles jusqu'au 30 août pourraient apporter plus d'éléments. Mais Amélie Vialet saura s'en contenter. "Nous sommes déjà comblés" avoue-t-elle.