C'est une découverte importante pour l'équipe d'archéologues qui fouille depuis 10 ans le site de Roquemissou en Aveyron. Une lamelle d'obsidienne a été retrouvée ce 12 juillet 2022. On vous explique pourquoi ce petit bout de silex enthousiasme les scientifiques.
Le site archéologique de Roquemissou, situé sur la commune de Gages-Montrozier en Aveyron, fouillé depuis maintenant 10 ans, vient de faire avancer la recherche sur les contacts entre les chasseurs cueilleurs autochtones et les colons agriculteurs venus des îles de la Méditerranée.
Un morceau d'obsidienne mise au jour
C'est une petite lamelle d'obsidienne, longue de 2 cm qui a été découverte ce mardi 12 juillet 2022, alors que les fouilles se sont concentrées cette année sur la période très ancienne de 6000 ans avant notre ère. Un morceau de silex insignifiant pour le grand public mais une découverte majeure pour les scientifiques qui fouillent cette parcelle de 100m2 .
"On sait que c'est un fragment d'outil" explique Thomas Perrin, directeur de recherches au CNRS à Toulouse et responsable des fouilles. "A quoi il a servi ? On ne le sait pas encore, mais ce qui nous étonne c'est que jusqu'à présent, nous n'avions pas la preuve de la présence d'obsidienne en France. Ce type d'outils était présent en Sicile, en Sardaigne et dans quelques îles de la Méditerranée. "
Des contacts précoces
Cette découverte permet aux scientifiques d'échafauder de nouveaux scénarii concernant les contacts entre les chasseurs cueilleurs locaux et les premiers colons néolithiques, à l'époque de leur arrivée en France, à Béziers, 6000 ans avant notre ère.
"Cela montre que dès leur arrivée en France, les agriculteurs ont des contacts avec les populations du nord Aveyron", raconte Thomas Perrin. "Il y a quand même 150 kms à vol d'oiseau entre les deux sites. En terme de scenario, on peut tout imaginer. Les chasseurs cueilleurs ont-ils fait la route jusqu'à Béziers ? Les colons ont-ils poursuivi très vite leur chemin vers l'intérieur des terres ? Cela nous ne le savons pas encore, mais on peut maintenant affirmer que ces contacts ont eu lieu très rapidement dans le temps après l'arrivée des familles d'agriculteurs et leurs animaux sur le sol français."
Il semblerait donc selon les scientifiques, que les populations du nord Aveyron ont non seulement rencontré tôt les colons agriculteurs, mais qu'ils ont suffisamment sympathisé pour assimiler rapidement les techniques du mésolithique. On sait que par la suite il y a eu échange de gènes entre ces deux populations.
Le fragment analysé
Le fragment d'obsidienne a été envoyé à l'université de Bordeaux, où il sera analysé pour déterminer de quelle île il provient. "On est capable de savoir même de quelle coulée de lave provient ce morceau grâce aux éléments chimiques qu'il contient ", précise Thomas Perrin.
Ensuite, il fera un passage à Toulouse. Les spécialistes pourront déterminer précisément, s'il a été ou non utilisé.
Pour le grand public il va donc falloir patienter pour voir la pièce, qui ne sera exposée au musée de Montrozier que dans le courant de l'année 2023.
En attendant ils pourront participer ce samedi 16 juillet à la traditionnelle fête des fouilles. L'équipe de 12 personnes qui travaille sous la houlette de Thomas Perrin présentera l'avancée du travail mené sur le site.
Un site dont on sait désormais qu'il a été régulièrement occupé depuis 13000 ans avant notre ère, que sa végétation est passée de la toundra sibérienne à une forêt d'Europe de l'ouest, qu'il a accueilli des aurochs, les ancêtres des vaches, et qu'un village y a même été construit au 3ème millénaire avant J.C.