A Gragnague, au nord-est de Toulouse, un tout nouveau lycée sort de terre, qui doit accueillir 1 800 élèves à la rentrée de septembre 2022. Problème, la carte scolaire exclut les élèves de cinq communes voisines, dont celle de Pechbonnieu, qui vont continuer à étudier dans des lycées toulousains.
A cause de la pandémie, le chantier a pris du retard. Au lieu de 2021, c'est en septembre 2022 que le futur lycée de Gragnague ouvrira ses portes à quelques 1 800 élèves. Une perspective très attendue par les familles de ce secteur nord-nord est de Toulouse. Jusqu'à présent en effet, les lycéens doivent rallier des établissements toulousains et subissent un temps de transport important.
Mais ce qui devait être une bonne nouvelle est en train de tourner à la polémique dans la commune de Pechbonnieu, située à 12 kilomètres de Gragnague. La carte scolaire vient d'être annoncée et Pechbonnieu, comme quatre autres communes du secteur, n'est pas rattachée au futur établissement. Les lycéens devront, comme avant, aller étudier au lycée Raymond Naves ou au lycée Toulouse-Lautrec.
Emoi et colère des parents devant cette décision jugée injuste. Ils ont manifesté lundi soir devant la mairie de Pechbonnieu, demandant aux élus de prendre leurs responsabilités et de défendre leurs intérêts.
"On se demande tous pourquoi cette décision", explique Véronique Marchant, mère d'élèves et membre de la FCPE du collège Jean-Dieuzaide de Pechbonnieu. "Pourquoi la communauté de communes ne va pas intégrer le lycée de Gragnague. Cela fait six ans qu'on parle de ce projet, on le soutient depuis le début. A un moment, la commune de Pechbonnieu était même candidate pour accueillir ce futur lycée. On s'est retiré au profit de Gragnague en se disant que c'était idiot qu'il y ait deux projets concurrents et aujourd'hui, on nous évince alors que nos enfants font minimun deux heures de transports aller-retour pour aller au lycée à Toulouse".
On a fait un sondage, on a eu 2 500 réponses et 95% des parents ont voté oui à la question "Voulez-vous que votre enfant aille au lycée de Gragnague ?", on a envoyé le résultat de ce sondage au rectorat et à la Région, on a eu aucune réponse.
Véronique Marchant, FCPE du collège de Pechbonnieu
Cette colère, Kamel Chibli, vice-président de la région Occitanie en charge des lycées, dit la comprendre mais répond de manière pragmatique : "Dans ce territoire-là, il y avait plusieurs communes candidates : Bessières, Saint-Sulpice-la-Pointe, Buzet-sur-Tarn et Gragnague, soutenu par 26 communes de deux communautés de communes. On a choisi Gragnague pour des questions de mobilité et d'implantation géographique. Mais ce n'est pas parce que ces communes ont soutenu Gragnague qu'elles sont forcément rattachées à ce lycée. Les parents pensaient que c'était logique, que ça coulait de source mais ce n'était pas le cas".
La sectorisation, c'est toujours un exercice très compliqué parce qu'on analyse la situation démographique. On avait d'abord imaginé un lycée à 1 400 élèves, on est finalement monté à 1 740 mais après, on n'a pas vocation à faire des lycées qui ne sont plus à taille humaine.
Kamel Chibli, vice-président de la région Occitanie en charge des lycées
Sabine Geil-Gomez, maire de Pechbonnieu et présidente de la communauté de communes des côteaux de Bellevue, dit elle aussi comprendre la colère des familles. "Notre préoccupation est aussi celle des temps de transports vers les deux lycées toulousains. Mais nous ne nous étions pas trompés sur le choix de Gragnague, ses effectifs seront complets à la rentrée, donc le choix a été d'écarter les communes les plus éloignées et nous en faisons partie".
La région Occitanie s'est engagée à construire un lycée dans le nord toulousain dans les cinq ou six années à venir. Mais pour les parents de collégiens, aujourd'hui, cette perspective n'est pas de nature à faire taire la déception.