Le week-end dernier, Labarthe-sur-Lèze, près de Toulouse, organisait sa fête locale. Mais un manège à poneys a semé le trouble. Paz, une association de défense des animaux, a rédigé une lettre au maire lui demandant de suspendre cette attraction qui, selon elle, maltraite ces animaux.
"C'est un divertissement d'un autre temps !", s'exclame Amandine Senvisens, co-fondatrice de l'association de défense des animaux, PAZ. Ce week-end et jusqu'à lundi, la commune de Labarthe-sur-Lèze en Haute-Garonne, organisait sa fête foraine. Parmi les attractions, un manège à poneys vivants a créé la polémique. Selon l'association de protection animale, les poneys ne seraient pas bien traités par leur propriétaire.
La veille de l'installation, le 3 juillet dernier, Amandine Senvisens a envoyé un courrier au maire de Labarthe-sur-Lèze, Yves Cadas, pour faire part de son opposition à l'implantation de ce manège. "Nous dénonçons une pratique archaïque qui asservit les poneys. On voit des poneys qui tournent en rond pendant des heures, les uns derrière les autres, dans un environnement bruyant. On est sur un divertissement d’un autre temps. On souhaite que le maire de Labarthe-sur-Lèze s’engage contre cette pratique."
"Je n'ai aucun moyen légal pour interdire cette implantation"
Le maire de Labarthe-sur-Lèze, Yves Cadas, lui, comprend cette polémique : "Cela fait longtemps que j’ai alerté sur ce genre de pratique. Il y a trois ans, j’ai failli en aller jusqu'aux mains avec le détenteur du manège." L'édile assure, il y a deux ans, avoir pris "un voeu pour interdire ce genre d'implantation dans sa commune." "Malheureusement, je ne peux pas interdire cette implantation, je n'ai aucun moyen légal", ajoute-t-il désabusé.
J'ai toujours été en première ligne pour dénoncer ces pratiques. J'attends que le Sénat ait statué pour avoir les moyens législatifs afin d'interdire ce manège.
"Ces poneys ne sont pas bien traités"
L'association pointe également du doigt la façon dont sont entretenus les poneys : "nous avons observé que les sabots d'au moins deux poneys étaient beaucoup trop longs. Ce qui a pour conséquence de tirer sur leur tendon et cela peut entraîner des tendinites. Les pieds doivent être entretenus régulièrement", explique Amandine Senvisens.
Il est temps de finir avec cette vision qui considère les animaux comme des attractions. Notre société doit apprendre aux enfants que les animaux sont des êtres sensibles et non des objets de divertissement.
Une accusation que réfute un peu gêné le propriétaire du manège à poneys : "je fais ce métier toujours toujours. Avec mon frère nous allons partout, à Montauban, à Lavaur. Cette polémique m'a un peu secoué. J'ai 6 ou 7 poneys, ils ne tournent que 3 heures par jour." .
?À Labarthe-sur-Lèze, des poneys non-entretenus :
— PAZ (@ParisZoopolis) July 4, 2021
Nous avons observé que les pieds d’au moins 2 #poneys étaient beaucoup trop longs. Ce qui a pour conséquence de tirer sur les tendons et pouvant causer des tendinites. Les pieds doivent être entretenus régulièrement. pic.twitter.com/lCuBMfYzSo
Une loi interdisant les manèges à poneys soutenue par Corinne Vignon
En janvier dernier, l'Assemblée nationale a adopté l'interdiction des manèges à poneys. Mais le processus législatif n'est pas encore terminé, il faut encore que le Sénat examine et adopte le projet de loi. Cette réforme, proposée par la députée LREM de la 3e circonscription de la Haute-Garonne, Corinne Vignon, vise à interdire les manèges de poneys vivants.
Interrogée par France 3 Occitanie, l'élue a réitiré son intérêt pour la cause animale : "j’étais complètement stupéfaite que quelque chose comme cela de moyenâgeux existait encore dans certains villages. Cela me semble essentiel d’arrêter cette pratique et que les enfants prennent consciences que ces poneys qui tournent sans arrêt ne sont pas en bonne santé. Le poney est un animal très sensible, le fait de tourner en rond les rend complètement atones. Ils manquent d’eau et ne supportent pas le bruit qui est très fort dans les fêtes foraines" explique-t-elle.
La députée espère que sa proposition de loi sera adoptée par le Sénat qui selon elle est "moins enclin à la cause animale que l'Assemblée nationale." Elle a rédigé avec l'ensemble des députés qui soutenaient cet amendement une lettre à Gérard Larcher, le président du Sénat pour faire avancer les choses : "j'espère que cette proposition de loi verra le jour car elle correspond aussi à une volonté des citoyens."
Je suis tout à fait pour les balades à poneys, mais dans une foire, ce n’est pas possible.
Pour Paz, association qui s'oppose à la maltraitance animale, cette proposition de loi est une excellente nouvelle : "On souhaite vraiment que ça aille jusqu’au bout avant l’élection présidentielle pour avoir enfin une loi qui interdise les manèges à poneys en France."
En France, les villes de Douai et de Caen ont respectivement, en 2018 et 2019, décidé d'anticiper la loi en interdisant les manèges à poneys durant leur fête foraine.