Hyperloop Toulouse : le projet de train supersonique avance toujours au ralenti

Dix ans après le lancement du projet et cinq ans après son implantation à Toulouse Francazal, rien de bien concret pour l'Hyperloop, ce train supersonique qui promet d'emmener des passagers à plus de 1000 km/h entre les grandes métropoles.

Sur le site de l'aéroport de Toulouse-Francazal, les inscriptions et les tubes Hyperloop sont toujours là, mais le projet de train supersonique, lui, est loin d'avancer à la vitesse du son.

Le projet fait rêver - il promet de relier les grandes métropoles à plus de 1000 km/h dans des capsules en lévitation magnétique pour réduire les frottements. Toulouse serait ainsi à 20 minutes à peine de Montpellier. Mais... dix ans après avoir été lancé par le fantasque milliardaire Elon Musk, Hyperloop n'est pas prêt de faire léviter ses premiers passagers, même si plusieurs entreprises planchent toujours sur le sujet.

En 2017, Hyperloop s'installait sur le site de l'ancienne base militaire de Toulouse-Francazal avec de belles perspectives : des aides publiques et la promesse d'embauches en recherche et développement. Une vingtaine d'employés sont présents mais le projet avance bien moins vite que prévu. La piste d'essai grandeur nature se fait toujours attendre.

Pourtant, certains croient toujours dur comme fer à ce train hyper rapide. 

C'est comme les premiers jours de l'aviation. Il n'y a pas eu de nouveau mode de transport depuis plus de 100 ans !

Rick Geddes - expert à la Cornell University, près de New York.

Elon Musk pensait à l'origine relier San Francisco à Los Angeles en une demi-heure. Lassé par les embouteillages, et ne croyant visiblement pas au projet de train à grande vitesse californien. Reprenant une idée ancienne, il propose alors de faire circuler des capsules ("pods" en anglais) transportant une trentaine de personnes à des vitesses allant de 1.000 à 1.200 km/h. Elles se succéderaient dans des tubes à basse pression, juchés sur des pylônes.
On parle de "cinquième mode" de transport, après les avions, les trains, les véhicules routiers et les bateaux.

Des experts prudents ou perplexes


Mais au-delà de la faisabilité, l'incertitude demeure sur les coûts. Et de nombreux experts des transports restent franchement perplexes. Elon Musk ne s'est pas lancé directement dans l'aventure, se contentant d'encourager des start-ups à réaliser son rêve. Il est récemment revenu dans le débat, proposant de faire léviter les "pods" dans des tunnels creusés par son entreprise The Boring Company. Au risque de renchérir encore le concept.

Hyperloop Transportation Technologies (HyperloopTT) a été très active, multipliant les accords ici et là. Le dernier en date remonte au 21 mars: il vise à ouvrir une ligne entre Venise et Padoue, en Italie, pour les Jeux Olympiques d'hiver de 2026.

Hyperloop Tlse ©Hyperloop TT

Un discours devenu plus prudent


"HyperloopTT est prêt à construire", a alors assuré son directeur général Andres De Leon. Un discours que la start-up californienne avait déjà tenu à l'AFP il y a cinq ans. Et qui contraste avec les propos plus mesurés du responsable marketing Rob Miller, qui veut désormais "être plus prudent vis-à-vis de ce genre d'annonce".

On attend toujours le premier tronçon qui devait ouvrir pour l'Exposition universelle Dubaï 2020... Un projet toujours d'actualité, selon M. Miller. L'entreprise a successivement évoqué des études aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Chine, au Brésil, en Inde, en Corée du Sud, en Slovaquie et en République
tchèque, en Ukraine... Elle devait aussi installer un grand centre d'essai à Toulouse, qui n'a jamais vraiment vu le jour.

D'autres projets concurrents

Autre start-up flamboyante, Virgin Hyperloop (ex-Hyperloop One) a fait des essais dans le désert du Nevada, atteignant 387 km/h. En novembre 2020, elle a transporté des passagers pour la première fois, à 172 km/h... avant d'annoncer en février 2022 qu'elle se réorientait vers le transport de fret. L'entreprise a au passage licencié la moitié de ses employés et embauché pour diriger l'ingénierie le Français Pierre Chambion, venu de chez Safran.

Plus discrète, la société TransPod. Basée au Canada, elle est dirigée par le Français Sébastien Gendron, ingénieur au discours beaucoup plus mesuré que ses concurrents. Sa première liaison est trouvée : entre Calgary et Edmonton, dans l'Ouest du Canada, distantes de 300 km. La ligne, prévue pour transporter des passagers et du fret léger, coûterait selon lui 18 milliards d'euros.

La réaction des autorités a été: on ne mettra pas d'argent public, mais si vous êtes capable de financer le projet en trouvant des capitaux privés, on vous accompagnera

Sébastien Gendron - dirigeant de Transpod

La société - qui doit présenter un démonstrateur à l'échelle 1/3 en juillet à Toronto - a indiqué en mars avoir réussi à lever 550 millions de dollars auprès du fonds britannique Broughton Capital Group, avec une garantie bancaire China-East Resources Import & Export Co. "Ça fait effet boule de neige" et doit permettre de "financer la technologie cet été", dit son dirigeant.


Un premier tronçon d'environ 20 km doit relier si tout va bien Edmonton à son aéroport en 2027, la ligne devant être ouverte jusqu'à Calgary "entre 2030 et 2035", selon lui. Il faudrait alors 45 minutes pour relier les deux villes, pour 60 euros l'aller simple. "En France, pour le moment, les pouvoirs publics ne sont pas intéressés", regrette-t-il. Une piste d'essai de 3 km devrait quand même être ouverte début 2023 dans la Haute-Vienne.

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