L'homme fort de la sélection Portugaise, c'est lui. Pendant cette Coupe du Monde 2023, le jeu au pied de Samuel Marques fait la différence. Trois pénalités, un essai transformé. Le serial marqueur est un pur produit d'Occitanie. Né dans le Gers, il a joué dans quatre clubs de la région. Une fierté pour ceux qui l'ont vu évoluer.
18 novembre 2022, le chronomètre affiche la 81e minute de jeu face aux Etats-Unis. Au bout de son pied, Samuel Marques tient la qualification du Portugal pour la Coupe du Monde 2023. C'est plein de sang froid qu'il s'élance, à 32 mètres des poteaux, pour inscrire une pénalité qui délivre toute une équipe, tout un pays.
Dix mois plus tard, le voilà sur la pelouse du Stadium, à Toulouse, chez lui en Occitanie. C'est encore avec le maillot du Portugal sur le dos que Samuel Marques s'illustre, pour offrir à son pays d'origine ses premiers points dans cette Coupe du monde, face à la Géorgie (18-18).
Dans les tribunes ce jour-là, des dizaines d'habitants d'Eauze, commune du Gers de moins de 4.000 âmes, où a grandi Samuel. "On a affrété un bus pour venir le voir, explique Bruno Blaya, président du club de rugby du village. On est fiers de l'enfant du pays. Quand on a eu les places, on a eu du mal à satisfaire tout le monde, parce qu'il y a beaucoup d'effervescence autour de Samuel chez nous."
Un gamin connu de tous
À Eauze, tout le monde ou presque connaît Samuel. Né à Condom en 1988, il grandit dans ce village à quelques kilomètres, où son père, Delphin, portugais d'origine, est à l'époque le président du club de rugby. "Samuel, il a appris à marcher avec un ballon, se souvient son père. Je le revois, à quatre pattes, attraper un petit ballon de rugby, puis se mettre debout tout seul pour la première fois. C'était quelque chose."
Très tôt, le garçon "joyeux, ouvert et serviable" d'après Bruno Blaya, se met à porter les couleurs du club local. Le président actuel du club (qui a succédé au père de Samuel), se souvient d'un enfant "capable de rentrer dans le tas et ressortir avec le ballon. C'était un gagnant, avec beaucoup de qualités. Il ne lâchait jamais rien."
Cette mentalité de gagnant, cette exigence, c'est sans doute Delphin, son père, qui lui a transmis. "On avait un grand terrain chez nous, et je lui avais monté des poteaux." Tous les soirs après l'école, le jeune Samuel allait travailler son jeu au pied sous le regard de son papa.
De quoi le prédestiner au poste de demi de mêlée, même si le Gersois a un temps hésité avec le football, son autre passion, qu'il a aussi pratiqué jusqu'à l'adolescence.
"À l'école de rugby, il était plus dégourdi que les autres, il aimait commander, et avec son grand gabarit, il était aussi très filou", se remémore Delphin, arrivé en France à l'âge de deux ans.
Aux portes de l'équipe de France
L'année de ses 18 ans, Samuel Marques signe à Pau pour intégrer le centre de formation, avant de disputer son premier match professionnel en 2009. Dans ses années paloises, il a l'occasion d'intégrer l'équipe de France universitaire, "mais Pau ne l'a pas laissé partir, car le demi de mêlée titulaire était blessé à ce moment-là, et ils avaient besoin de Samuel, raconte Delphin Marques. S'il était parti, peut-être qu'il aurait porté le maillot Bleu plutôt que celui du Portugal."
Car le train des Bleus ne repassera pas pour Samuel, finalement appelé en sélection portugaise en 2013. Après une mise en pause de sa carrière internationale, il retrouve les couleurs des "Os Lobos" ("Les Loups", le surnom de la sélection portugaise), en 2019.
Côté club, le Gersois enchaîne deux saisons à Albi, puis de nouveau à Pau, avant un court passage au Stade Toulousain en 2016-17, "son rêve de toujours" d'après son père. Il portera ensuite les couleurs de Brive, de Pau (pour un troisième passage), et Carcassonne, avant de signer à Béziers, en Pro D2, pour trois saisons dont une en option, à l'été 2023.
"Je suis content pour lui, avoue Delphin Marques. Il se sent encore en forme à 34 ans, il a encore beaucoup à donner avant d'arrêter sa carrière." Son père en est persuadé, une fois que Samuel aura raccroché les crampons, il dira au revoir au monde du rugby. "Il ne veut pas d'une carrière d'entraîneur. Il a une agence immobilière à Pau, je crois qu'il s'y consacrera à 100%."
Bientôt de retour au Stadium
Delphin et le reste de la famille Marques étaient aussi présents dans les tribunes du Stadium pour voir Samuel et ses partenaires affronter la Géorgie. Toujours exigeant, le patriarche admet "il est passé à côté de sa première mi-temps, mais il s'est bien rattrapé en deuxième."
Pour le franco-portugais, les Os Lobos ont le potentiel pour battre l'Australie, mais "ce sera peut-être trop juste physiquement face aux Fidji". Là encore, ce sera au Stadium. Samuel aura encore une fois l'occasion de briller, sous les yeux de son papa, et de rendre fier les Gersois.