"Il n'y avait pas de volonté politique" : des fèves chrétiennes dans les galettes des rois des écoles publiques créent la polémique

Des fèves représentant des personnages de crèche dans les galettes des rois distribuées aux écoliers toulousains. Pour une partie de l'opposition municipale, cette décision est une entorse aux principes de la laïcité. La majorité, elle, se défend, évoquant un changement de fournisseur. Sur les réseaux sociaux, la polémique fait rage.

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Tout est parti d'un post d'Agathe Roby, conseillère municipale d'opposition LFI à la mairie de Toulouse (Haute-Garonne). Le 10 janvier 2025, elle critique la décision prise, d'offrir aux écoliers toulousains, des galettes des rois, avec des fèves… représentant des personnages de crèche. 

Très vite, la toile s'enflamme. Ils sont nombreux à critiquer la sortie de l'élue municipale de gauche. Et parfois avec des mots d'une violence inouïe.

Des posts qui ont, à leur tour, provoqué une vague de soutien à l'élue d'opposition. Depuis, la polémique fait rage et n'est pas encore retombée.

Nouveau fournisseur

Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse, chargé notamment des cuisines centrales, ne comprend pas pourquoi cette affaire prend une telle ampleur. Lui aussi a pris la parole sur X, pour défendre la position de la mairie de Toulouse. 

"Cette polémique est stérile eu égard aux problèmes que connaît notre pays. Nous avons changé de fournisseur fin 2024 suite à un appel d'offres, en privilégiant le local. C'est quand même la galette des rois, celle des Rois mages. Pour moi il n'y a rien de choquant, la laïcité s'applique à tout le monde. En tout cas, il n'y avait pas de volonté politique autour de ce sujet, ce n'est pas moi qui ai décidé de mettre ces fèves dans les galettes", explique l'adjoint au maire. Et de rappeler que la mairie de Toulouse n'a reçu aucun courrier de parents d'élèves se plaignant de ces fèves "chrétiennes".

Du côté d'Agathe Roby, on n’en démord pas. "Je ne voulais pas créer une polémique, mais je veux juste que la Mairie de Toulouse s'excuse. Elle a commis une erreur qui ne doit pas se reproduire et a enfreint la loi de 1905, sur la séparation des Églises et de l'État. Notamment l'article 2 qui stipule que la République - donc aussi les écoles publiques - ne doit pas subventionner de culte", explique l'élue d'opposition LFI (Groupe "Alternative municipaliste citoyenne") à la maire de Toulouse. Et de rajouter que c'était à la mairie de Toulouse d'être vigilante et qu'elle aurait dû avertir le fournisseur que ce type de fèves n'étaient pas les bienvenues dans les écoles publiques.

L'élue d'opposition souligne aussi qu'elle a eu entre ses mains des mails de parents d'élèves ou d'enseignants, choqués par le fait qu'il y ait ce type de fèves "chrétiennes" dans les écoles publiques toulousaines. 

Il n'y a pas d'atteinte à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État. D'autant qu'il n'y a pas de volonté de la part de la mairie de Toulouse de faire du prosélytisme.

Christian Lavialle, Professeur émérite à l'Université de Toulouse Capitole, spécialiste des questions de laïcité

Et si c'était avant tout une question d'interprétation de cette fameuse loi de 1905 ? Car Christian Lavialle, professeur émérite à l'Université Toulouse Capitole et spécialiste des questions de laïcité, a lui une autre lecture de cette polémique. Il s'appuie sur l'article 28 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État. Celle-ci précise qu'il "est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions".

Pour l'universitaire, il n'y a pas grand-chose à reprocher à la mairie de Toulouse. "D'abord, on ne peut pas reprocher à la municipalité une forme de prosélytisme, car la décision de mettre des fèves religieuses n'est pas de son fait, mais du fournisseur des galettes" souligne-t-il. 

Phénomène culturel et non cultuel 

"Des fèves aux origines "chrétiennes" existent aussi dans le commerce. C'est un phénomène culturel et non pas cultuel. Là, il s'agit d'un gâteau remis dans une assiette et pas d'un emplacement public, même si il est distribué dans une école publique. On ne peut en aucun cas comparer cela avec la question de crèches dans les mairies, qui a fait l'objet d'un arrêt du Conseil d'État en 2016 et qui est très restrictif", souligne encore le professeur émérite.

La polémique n'est donc pas prête de retomber. Agathe Roby a fait l'objet de menaces de mort sur la toile, après la publication de son post sur X. Elle a décidé de porter plainte.

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