À Vélines, en Dordogne, des agriculteurs de la Confédération Paysanne ont bloqué les travaux préalables sur un terrain racheté par les carrières de Thiviers. Le collectif entend par cette mobilisation dénoncer l'artificialisation des sols.
Une pelleteuse, des tranchées, et un drapeau jaune : ce chantier situé au bord de la départementale 936, en Dordogne est à l'arrêt. Lundi 13 janvier au matin, des agriculteurs de la Confédération paysanne ont stoppé net les travaux de fouilles archéologiques préventives, commandées par les carrières de Thiviers, qui viennent d'acquérir le terrain.
"On est venus avec des amis, avec l'aval de la confédération paysanne pour demander aux gens, courtoisement et poliment, de stopper le travail en cours et la destruction du blé," explique Didier Margouti, agriculteur qui a semé trois hectares de blé sur ce champ et qui a décidé de bloquer le chantier.
Terre agricole
La situation est complexe. Il s'y mêle des intérêts financiers, des intérêts particuliers, des intérêts agricoles et même des intérêts électoraux.
Le paysage, tout d'abord : huit hectares de campagne périgourdine, en bordure de la départementale 936 à Vélines, à la limite de la Dordogne avec la Gironde. Un terrain dont une partie est actuellement ensemencée de blé. La parcelle fut propriété du conseil départemental de la Dordogne avant d'être rachetée par les carrières de Thiviers, dans le but d'agrandir leur exploitation.
Un accord verbal uniquement
Les personnages ensuite. D'un côté, les gérants de la carrière de Thiviers, une entreprise née en 1936 et dont le site principal des Planeaux est aujourd'hui la plus importante carrière d’Aquitaine. De l'autre, les opposants au projet d'agrandissement de la carrière sur ce terrain. Et d'un troisième côté, la Confédération Paysanne dont un agriculteur exploitait ce terrain inoccupé jusqu'alors. Enfin, les forces de l'ordre pour surveiller tout le monde.
L'action de l'agriculteur bénéficie d'un soutien de poids parmi les opposants à la carrière. Sauf que l'agriculteur ne peut pas prouver qu'il était bien autorisé à exploiter ce champ. Il n'aurait eu qu'un accord verbal de la part du précédent propriétaire, le conseil départemental.
Voir le sujet France 3 Périgords - Colyne Rongère & Bertrand Lasseguette
Les carrières font bloc
Un défaut que rappelle le gérant des carrières de Thiviers. "Nous n'avons donné aucune autorisation à un quelconque exploitant sur ces terrains [...] pas plus que le propriétaire précédent. Nous nous trouvons donc bloqués entre une exploitation clandestine des terrains et probablement un contexte de campagne électorale de la chambre d'agriculture", argumente Xavier Otero.
Nous ne pouvons subir l'entier préjudice lié à ce blocage.
Xavier OteroGérant des carrières de Thiviers
"On peut toujours raconter qu'il y a une illégalité, je peux assumer éventuellement ce mot, mais derrière j'organise une contestation pour affirmer qu'on est dans une démarche de désobéissance civile", rétorque Didier Margouti.
Contexte de campagne agricole
"Aujourd'hui, on est là pour sauver une culture et une récolte", martèle l'agriculteur, face aux forces de l'ordre. Autour du petit groupe, des drapeaux de la Confédération paysanne flottent au vent, plantés par le collectif en guise de soutien.
Avec ce problème local, la Confédération Paysanne attire l'attention sur l'artificialisation toujours plus grande des sols et les pertes de surfaces agricoles. Un problème auquel participent à leur niveau les Carrières de Thiviers qui exploitent 12 carrières en Dordogne sur des dizaines d'hectares en zones rurales.
Cette affaire intervient au beau milieu de la campagne électorale de la Chambre d'agriculture. Débutée le 7 janvier, elle doit s'achever à la fin du mois. Les carrières de Thiviers font donc remarquer l'opportunité de calendrier de cette action médiatique.
Pour l'heure, les Carrières de Thiviers ont déposé une plainte avec l'espoir de pouvoir reprendre les travaux le plus vite possible et, dans la foulée, extraire les graviers qu'elles convoitent.