Ses proches alertent sur une situation préoccupante. Un étranger sans titre de séjour actuellement retenu au centre administratif de Cornebarrieu (banlieue de Toulouse) et porteur de la maladie de Crohn serait privé de soins depuis plusieurs semaines. Ils réclament son hospitalisation.
Samira Fontaine se présente chaque matin devant la porte du centre de rétention administrative de Cornebarieu, en lisière de l'aéroport de Toulouse-Blagnac.
Depuis plusieurs semaines, elle rend une visite quotidienne à son compagnon, retenu depuis son interpellation mi-août à l'occasion d'un contrôle routier. Ce Tunisien en situation irrégulière vit et travaille en France depuis 8 ans. Et combat depuis peu une affection chronique, la maladie de Crohn.
Risque de septicémie
Au fil des jours, l'inquiétude de Samira va grandissante. Car l'état de santé de son conjoint ne cesse de se dégrader.
Ses crises sont devenues de plus en plus violentes, avec des pertes de sang et de pus qui s'accroissent"
Samira Fontaine, compagne du retenu
Craignant la surinfection qui risquerait de se transformer en septicémie, sa compagne demande son hospitalisation en urgence. En vain. À ce jour, les autorités n'ont pas pris en compte ses doléances. Malgré plusieurs interventions à son chevet du SAMU et des pompiers.
Mon compagnon me dit tous les jours qu'il est rabaissé, qu'il est traité comme une poubelle. C'est une atteinte à sa dignité
Samira Fontaine, compagne du retenu
Convaincu qu'il y a urgence, les proches du retenu en appelle aujourd'hui au préfet.
Rétention administrative : la santé oubliée ?
En 2019, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait fait part des conditions déplorables d'accès aux soins et de prise en charge sanitaire pour les étrangers retenus en CRA. Elle pointait, entre autres, les refus de demande de consultation, l'absence de continuité des traitements, et aussi l'isolement inhumain pour troubles psychiques.
Un constat qui avait débouché sur la création en 2021 d'une "unité médicale" installée dans chaque centre, chargée de "préserver l'état de santé des personnes retenues".
Maltraitance
Une amélioration législative qui ne convainc pas Maître Alexandre Martin, défenseur du retenu. Pour lui le cas de son client illustre ce qui peut s'assimiler à "des maltraitances humaines" dans ces centres de rétention.
Ces gens, dont le seul tort est de ne pas avoir de titre pour rester sur le sol français, il faudrait qu'on les retiennent au moins dans des conditions humaines, tolérables
Maître Alexandre Martin - Avocat du retenu
Un constat que partage la Cimade, association agréée pour intervenir dans huit centres de rétentions français.
Son dernier rapport sur les CRA fait justement un focus sur la situation des personnes malades en étrillant de centre de Toulouse-Cornebarrieu. Et en 2022 déjà, elle a dénoncé le "traitement inhumain et dégradant" d'un retenu à Toulouse opéré en urgence.