INTERVIEW. “Les gens n’ont plus les moyens de s’occuper de leurs animaux de compagnie”, alerte une association

Basée à Toulouse (Haute-Garonne), l'association “Un avenir pour eux” a enregistré un nombre record d’abandons d’animaux de compagnie en 2022. L’association a identifié les raisons qui poussent les propriétaires à se séparer de leurs petites bêtes. En tête : l’inflation et le coût de la vie.

Créée en 2013, l’association “Un avenir pour eux” recueille chaque année à Toulouse des chats et chiens de tout âge. Lorsqu’ils arrivent, ils ont un point commun : tous appartiennent ou ont appartenu à des personnes qui reviennent sur leur décision. Et chaque année depuis près de dix ans, la même histoire se répète au sein de l’association. 

“On n’a pas de refuge, on a juste des familles d’accueil chez qui on peut placer les animaux en attendant qu’ils soient adoptés. Et chaque année on doit refuser des prises en charge. Parce qu’on ne peut jamais sauver tout le monde”, explique Laetitia Martin, présidente de la structure associative. “Un avenir pour eux” compte à ce jour une quinzaine de bénévoles dont trois très actifs. Sa présidente dresse le bilan d’une année 2022 marquée par le nombre croissant d’abandons d’animaux de compagnie.

France 3 Occitanie : Vous indiquez que l’année écoulée a battu tous les records. Combien d’animaux ont été récupérés par votre association ? 

Laetitia Martin : Le chiffre n’est pas tout à fait précis, mais globalement nous avons enregistré environ 500 abandons pour la seule année 2022. Je ne compte pas les animaux que nous avons dû refuser. Soit par manque de place dans nos familles d’accueil soit parce qu’il y avait un problème de comportement comme un chat craintif ou un chien agressif et qu’on n’est pas en mesure de s’en occuper. 

France 3 Occitanie : Que deviennent les animaux dont vous ne pouvez pas vous occuper ? 

L.M : Heureusement, à Toulouse, il y a de nombreuses structures spécialisées qui peuvent accueillir les animaux que les gens abandonnent. Mais je sais qu’elles aussi sont complètement débordées. Souvent il nous arrive d’échanger avec d’autres associations qui sont sur Toulouse lorsque nous-mêmes nous ne pouvons plus accueillir d’animaux. Et elles nous disent qu’elles sont déjà saturées. Idem pour les familles d’accueil. Bref, cette année a été très compliquée. 

Une situation économique difficile pousse à l’abandon d’un animal.

Laetitia Martin, présidente de l'association "Un avenir pour eux"

France 3 Occitanie : Quelles sont les raisons qui poussent les propriétaires d’animaux de compagnie à s’en séparer ? 

L.M : Des abandons, il y en a toujours eu. Souvent, on a le cas de figure des départs en vacances durant l’été. On subit encore de plein fouet "l'effet Covid". Pendant les confinements, on a eu toute une vague de gens qui ont pris un chien quand ils avaient besoin d’aller se promener. Depuis, ils se sont rendus compte qu’ils ne peuvent plus s’en occuper. Et puis, avec les pandémies, il y a aussi eu beaucoup de séparations et parfois plus personne ne veut garder l’animal après la rupture. 

France 3 Occitanie : en plus de la crise sanitaire, vous affirmez que l’inflation fait aussi partie des raisons qui poussent à abandonner son animal de compagnie...

L.M : Tout à fait. Une situation économique difficile pousse à l’abandon d’un animal, c’est très clair. Et je sais que c’est le cas en ce moment parce que c’est ce qu’on nous dit de plus en plus. On voit arriver des gens qui nous disent qu’ils n’ont plus les moyens de s’occuper de leurs animaux de compagnie à cause du coût de la vie. Tout a augmenté, tout coûte cher. À commencer par le prix des croquettes qui a énormément augmenté. 

Pendant les confinements, on a eu toute une vague de gens qui ont pris un chien quand ils avaient besoin d’aller se promener.

Laetitia Martin, présidente de l'association "Un avenir pour eux"

France 3 Occitanie : Est-ce qu’il vous arrive de venir en aide à ces personnes ? 

L.M : On rencontre des situations très critiques. Et on fait ce qu’on peut quand on connaît très bien la situation. Par exemple, on a une personne qui avait adopté un chat chez nous au printemps dernier. Entre-temps, cette personne a perdu son emploi, c’était au mois d’octobre. Or, ce chat avait besoin d’une opération de la cornée qu’elle était incapable de payer seule. On a décidé de lancer une cagnotte en ligne pour l’aider sans qu’elle ne nous ait demandé quoi que ce soit. Mais on ne peut pas le faire à chaque fois…