Chanteur, musicien, auteur... Magyd Cherfi, ex-membre du groupe Zebda, multiplie les casquettes. Dans les colonnes du journal "Libération", le natif de Toulouse s'ouvre à la géopolitique. À coeur ouvert il se confie sur la douleur que provoque chez lui le conflit israélo-palestinien, et la difficulté de se positionner, de choisir "un camp".
"Je me suis tu", c'est l'anaphore qui parcours la tribune de Magyd Cherfi, ex-chanteur du groupe Zebda, dans le journal Libération ce mardi 9 janvier 2024.
Le natif de Toulouse, aux origines algériennes, explique pourquoi, depuis le 7 octobre et l'attaque d'Israël par le Hamas, il n'a pas souhaité s'exprimer, donner son avis comme d'autres artistes ont pu le faire. "Je me suis presque planqué, terrassé par une incroyable frousse, celle de trahir, de donner un avis qui m'aurait fait perdre la moitié de moi."
Cette dualité, ces deux "moitiés" de lui, Magyd Cherfi en parle comme d'une "bataille qui fait rage entre deux combattants au fond de mon crâne." Deux adversaires qui "pleurent les morts de deux camps opposés."
Dénoncer le manichéisme
Au fond, le compositeur et écrivain dénonce cette injonction à choisir un camp, à ne pas pouvoir ouvertement être désolé devant les pertes israéliennes comme palestiniennes. Pour lui, la situation ne peut pas être si manichéenne, dans un conflit qui oppose "un peuple broyé et piétiné, et un autre sous la menace permantente d'impitoyables assauts."
Un sentiment que Magyd Cherfi est, selon lui, loin d'être le seul à ressentir, en tant que français, musulman, d'origine arabe : "Il (le monde musulman, ndlr), s'est simplement tu pour ne pas vivre le sentiment de la trahison. [...] Maudits soient les camps, les chapelles."