"Je me retrouve récipiendaire de cette histoire", des héros de l'ombre enfin reconnus : l'hommage tardif à des résistants oubliés

On commémore ce 18 juin 2024, les 80 ans de l'appel à la résistance du Général de Gaulle. À Toulouse (Haute-Garonne), 4 résistants viennent d'être décorés à titre posthume pour leur engagement en faveur de la libération de la France et contre la barbarie nazie. Leurs descendants ont reçu le 7 juin une médaille en leur nom.

En France, 65 000 médailles de la résistance ont été remises, 20 000 à titre posthume saluant des parcours singuliers. Rencontre avec leurs familles à l'occasion des 80 ans l'appel du général de Gaulle. 

Un combat dans l'ombre

Entre émotion et fierté, ces 4 hommes reçoivent ce 7 juin, la médaille de la résistance, reconnaissant le courage le sacrifice parfois de leur aïeul. René Guitard, René Durand, Joseph Bernard et Litman Nadler passent ainsi de l'ombre à la lumière. Michel Recouly ignorait tout de son lointain cousin. Un nom sur une tombe tout au plus. Il vient de découvrir le parcours de résistant de ce mécanicien du Lot, mort au maquis à l'âge de 23 ans.

"Dans ma famille on ne parlait pas beaucoup de ça", raconte Michel Recouly, cousin de René Guitard. "Vous savez à l'époque, les gens étaient secrets sur tout ce qui concernait la guerre. Les gens faisaient attention à ce qu'ils disaient. Et moi j'étais jeune. Je n'ai pas posé de questions. Donc finalement c'est resté dans le flou". 

Des héros méconnus

Et il rajoute, ému : "Chaque fois qu'on ira au cimetière, je dirai voyez René Guitard, tout ce qu'il a fait ! Ça me fait vraiment plaisir". Chaque année, l'association des descendants des médaillés de la résistance remet ainsi une dizaine de décorations à titre posthume, après une étude rigoureuse des dossiers, révélant parfois des oubliés de l'histoire.

"Ils n'étaient pas reconnus parce que, vu les conditions dans lesquelles ils ont été amenés à être fusillés et torturés, à la libération, les familles n'étaient pas prêtes à faire une demande de médaille de la résistance", explique Jean-Pierre Masson, président des descendants des médaillés de la résistance française. 

Transmettre l'histoire de la résistance

Des familles qui découvrent même tardivement l'existence d'un aïeul. Patrick Clastres a appris l'identité de son grand-père, il y a seulement 10 ans. Litman Nadler, un résistant, à qui, Toulouse libéré a rendu hommage en octobre 1944. Cet étudiant en médecine, juif, roumain n'a pu passer sa thèse parque juif, parce qu'étranger. Mais il a soigné clandestinement les résistants avant d'être dénoncé,  puis exécuté le 1er août 1944.

"En tant que Juif étranger, il était noté mort pour la libération de la France", témoigne Patrick Clastres, le petit-fils de Litman Nadler. "Donc il a d'abord été reconnu comme mort pour la France et maintenant il a la médaille de la résistance. Je me retrouve aujourd'hui, récipiendaire de cette histoire. Ma mère a fait pendant 10 ans des recherches dans les archives pour reconstituer sa vie". 

Des récipiendaires qui n'ont le droit d'arborer publiquement leur décoration qu'un jour par an : ce 18 juin. Ils porteront en revanche chaque jour la mémoire et le souvenir d'un cousin, grand oncle ou grand père,  conscients que l'oubli peut tuer une seconde fois.

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