"Je me sens comme chez moi", quand la colocation entre séniors s'impose comme une alternative heureuse à la maison de retraite

Il n’y a pas d'âge pour se mettre en colocation. Même à plus de 90 ans parfois, des personnes âgées s’y mettent, et le phénomène, alternatif à la maison de retraite, gagne du terrain. Exemple à côté de Toulouse dans une habitation réservée aux séniors de 60 ans et plus.

C'est une alternative à la maison de retraite. De plus en plus de colocations séniors voient le jour. Plus intime, plus convivial, et plus économique. Témoignages de ces résidents à Blagnac en Haute-Garonne.

Des menus partagés

"Est-ce que ça vous intéresse qu'on fasse un pot-au-feu ensemble ?", demande Camille aux locataires. Dans cet habitat pour séniors, le mardi matin est un moment privilégié. Un rituel, choisi par les colocataires et leur aidant professionnel pour établir les menus que tout le monde partagera la semaine suivante, midi et soir, dans la grande cuisine commune de l’habitation. 

"Chacun donne des idées", raconte Camille Torres, coordinatrice et animatrice de l'habitat partagé. "Chacun réfléchit en fonction de ses envies, de son régime et ensuite, on discute tous ensemble. C'est souvent une activité qui prend du temps. Chacun cuisine en fonction de ses envies. On fait également des ateliers cuisines". 

"Je me sens comme chez moi"

Active au sein de la collocation, Régina est arrivée au début de l’été dernier. Comme les quatre autres habitants, La nonagénaire dispose d’un espace privé de 30 mètres carrés qu’elle a aménagé avec ses affaires et ses souvenirs. 

"Voilà ma chambre", nous confie Régina, 92 ans. "Ici c'est mon canapé, et de ce côté-là, mon lit, mon buffet, la télévision et la chaîne hi-fi et mon carillon. Ici, je me sens comme chez moi et ce sont tous mes meubles. C’est normal, je vis avec depuis plus de 50 ans. Alors, j'ai voulu les garder."

Mieux qu'en Ehpad

Salle de bains, cuisinette, terrasse privative, Régina est heureuse. Après avoir connu la solitude, elle vit désormais comme un coq en pâte. Élodie, elle, est la dernière à avoir rejoint l’habitation partagée. Elle est en période d’essai. Une semaine pour tester la colocation, et plus si affinité. 

"Je me sens bien, un peu comme à la maison", témoigne Élodie, âgée de 97 printemps. "J'habite dans un petit village, mais ici aussi, il y a la campagne. J’ai la cour, il y a de la verdure. J'en suis étonnée moi-même. Après huit ans de vie toute seule, je me sens un peu en famille. Ce n’est pas la même chose qu'en Ephad". 

Des séniors entourés mais autonomes

Loin d’être un Ehpad, L’habitat partagé pour séniors compte quand même une équipe de professionnel pour les activités, le ménage, la toilette éventuellement et la sécurité, 7 jours sur 7, y compris la nuit. La villa de Blagnac a ouvert ses portes au printemps 2024. 

"On accueille huit habitants, c'est bien moins qu'en maison de retraite", explique Mathilde Beaulieu, responsable des habitats partagés Domani. "Et l'autre différence, c'est qu'on n’est pas médicalisé. On n'a pas d'infirmières ou d'aide-soignante. C'est comme à domicile. Les résidents font appel à leur médecin traitant, qui vient les voir ici". 

Environ 25 % moins cher qu’une maison de retraite, l’habitat partagé pour séniors, est une structure privée. Un véritable petit cocon pour “coloc” d’un autre âge, désireux de vivre leur vieillesse de façon solidaire.