C'est une thématique rarement traitée dans les documentaires : comment l’échec est-il perçu et vécu selon les pays et cultures dans le monde ? Le Toulousain Maxime Roques s'est emparé du sujet en pleine pandémie de Covid. Son film d'1h20, "Le Grand Saut", est projeté au Pathé Wilson Toulouse mardi 19 septembre à 19h30, suivi d'un débat.
« En 2021, le Covid a bouleversé mon cursus. Je ne savais plus ce qui faisait sens, j’étais perdu. J'ai connu une phase de dépression, puis j'ai voulu reprendre le dessus sur ma vie, en cherchant un projet. », explique Maxime Roques.
Ce jeune Toulousain de 25 ans vient de terminer ses études de commerce. Il travaille depuis fin 2022 dans un cabinet d'audit à Toulouse (Haute-Garonne). Aujourd'hui, il va bien, et il doit sans doute son salut à un voyage dans 6 pays différents.
3 mois de voyage et d'interviews
En avril 2022, il part seul pendant 3 mois, à la rencontre de témoins qu'il va filmer et interviewer pour évoquer leurs échecs et surtout la façon dont ils ont appréhendé ces moments difficiles.
Le résultat est un documentaire d'1h20, "Le Grand Saut". Les personnes interviewées n'ont pas été sélectionnées en amont avant le tournage. Maxime Roques a préféré miser sur le hasard des rencontres, au fil de son périple. Une façon aussi de se challenger et de trouver des témoignages plus authentiques.
Exemple lors de son étape au Népal :
Quand tu médites, la notion de réussite et d'échec est à virer. Il faut aussi virer toute notion de résultat et d'objectif. Ca t'aide à être plus relax et plus efficace.
Valentin - professeur de yoga et de méditation au Népal
L'échec, un sujet lourd et tabou en France
"Le sujet de l’échec en France est assez lourd et tabou. Je me suis rendu compte que la culture avait un impact sur la vision de l’échec. Est-il perçu de la même manière selon les cultures dans le monde ?", détaille Maxime Roques qui ajoute qu'après sa phase de dépression, il a eu besoin de "trouver des solutions à l’étranger – le projet était là, il n’y avait plus qu’à partir !"
A l'inverse, aux États-Unis, la notion d'échec est appréhendée totalement différemment :
Je crois qu'il y a un aspect positif par rapport à l'échec ici. Tu apprends de tes erreurs, de tes échecs, c'est une opportunité pour apprendre.
Toscane - étudiante américaine
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Le voyage et le documentaire ont été financés grâce au crowfunding (un appel aux dons participatif relayé sur internet).
Un tournage marqué par des... échecs
L'aventure n'a pas été un long fleuve tranquille. Pour l'anecdote, Maxime a connu des échecs. Il s'est fait voler tout son matériel de tournage peu de temps avant son départ. Ça ne l'a pas empêché de rebondir... C'est en racontant ses déboires sur les réseaux sociaux et en recevant des messages d'encouragement qu'il a décidé de se lancer.
Pour corser un peu l'expérience, Maxime Roques s'est lancé un défi par pays. Par exemple, traverser tout seul, en autonomie, une île en Indonésie. Une sorte de chemin initiatique pour mieux se relever.
L'art de positiver l'échec
A son retour en France en juillet 2022, le jeune homme est devenu plus apaisé et philosophe, : "Je n'ai jamais autant échoué qu’en travaillant sur l’échec… mais ce voyage m’a apporté une résilience ».
Le travail de montage pouvait commencer. Une jeune société de production l'a aidé à finaliser son documentaire. Deux ans de travail au total, entre l'idée et la sortie du film.
Un film sur l'échec sans être moralisateur
Le film enchaine les témoignages sur les échecs dans la vie, mais « je me suis promis de ne pas être moralisateur à travers ce documentaire. Je suis dans une optique de partage d’expérience. Ce que j’ai vu : oui l’échec est vécu, défini, perçu de manière différente à travers les cultures dans le monde. », explique Maxime Roques.
Au Vietnam par exemple, Chi un jeune étudiante explique :
Il faut t'habituer à avoir honte, il ne faut pas avoir peur de ça. Tu auras peut-être l'air d'un clown, mais ce n'est pas grave, les gens aiment les clowns. C'est comme ça que tu rebondiras à chaque fois.
Chi - étudiant vietnamien
Quand on l'interroge sur la façon dont l'échec, la "chute" est perçue en France, il reconnait que chez nous "l’échec est mal vu, il nous fait peur, on le repousse, ce jugement est dur à accepter, donc on n’en parle pas, on n’avance pas. »
Le film est projeté mardi 19 septembre à 19h30 au cinéma Pathé Wilson à Toulouse, suivi d'un débat. Il reste des places. L'occasion d'échanger avec Maxime Roques à l'issue de la projection, et de se faire une autre idée de l'échec.
Car, comme dit le proverbe : "L'échec est l'envers de la réussite".