Depuis 2016, plusieurs familles étaient installées dans le pavillon Armengaud du CHU Purpan de Toulouse. Ce vendredi matin, une vingtaine de personnes ont été évacuées. Selon le collectif Lascrosses, plusieurs personnes étaient absentes et leurs affaires personnelles ont été jetées dans une benne.
Depuis près de 10 ans, ce bâtiment désaffecté qui appartient au CHU de Toulouse était le refuge de dizaines de familles précaires. Il y avait encore une quarantaine de personnes ce matin lorsque la police est venue frapper aux portes.
Expulsés sans prévenir
La vingtaine de personnes qui squattaient encore le pavillon Armengaud savaient que ce jour devait arriver. Mais lorsque la police a frappé aux portes, aucun des habitants n'avait été prévenu selon le collectif Lascrosses.
"La police est arrivée à 7h du matin, elle a tapé à toutes les portes et demandé aux gens de quitter les lieux, selon Nicolas Réglat, membre du collectif Lascrosses. Ils ont laissé un peu de temps aux gens de prendre leurs affaires mais tout le monde n'était pas là car les services de l'état n'ont prévenu personne".
Dès ce soir, ces habitants vont se retrouver à la rue, sans proposition de logement, notamment une grand-mère de 75 ans et son petit-fils de 12 ans. Selon Nicolas Réglat, l'expulsion n'a pas été violente en elle-même mais il insiste sur ceux qui n'étaient pas là ce matin. "Les démolisseurs ont tout mis à la benne. C'est d'une sauvagerie, je n'ai jamais vu ça. Certains étaient déjà partis au travail, d'autres n'étaient pas là. Leurs affaires personnelles ont été jetées, dont les papiers d'identité ou les titres de séjour. Comment ils vont faire maintenant si on les contrôle ? Les logements étaient fermés à clé donc nous n'avons pas pu intervenir."
Pour la Préfecture de la Haute-Garonne, tout s'est déroulé normalement. "L’évacuation a eu lieu ce vendredi 21 juillet 2023. Celle-ci s’est déroulée sans incident, sous l'autorité du commissaire de justice, mandaté par le propriétaire. 40 personnes, dont 5 mineurs, et dont certaines étaient en situation irrégulière, ont été évacuées. Elles étaient principalement de nationalité albanaise, kosovare, algérienne, égyptienne et bulgare. Douze personnes ont accepté la prise en charge en nuitées hôtelières, en raison de leur vulnérabilité."
Un squat qui remonte à 2016
Au départ, c'est un bâtiment situé sur le boulevard Lascrosses à Toulouse qui a été squatté. Dès 2016, les squatteurs se sont retrouvés menacés d’expulsion par l’hôpital public. Il y a sept ans, jusqu'à 80 personnes ont occupé le lieu. Des réfugiés arrivés en France en provenance de l’Europe de l’est, du Moyen-Orient ou encore d’Afrique du nord. Des femmes, des hommes et des enfants de nationalité bulgare, syrienne ou encore algérienne qui ont pu s’installer dans le bâtiment grâce au soutien de collectifs et d’associations de défense du droit au logement.
Petit à petit, des solutions ont été trouvées pour les plus fragiles, notamment des enfants en bas âge. Tous les enfants sur place étaient scolarisés.
Dans une décision rendue le 12 juillet 2017, le Conseil d'Etat a rejeté le pourvoi du CHU de Toulouse qui demandait aux autorités de procéder aux expulsions, permettant ainsi aux occupants de rester dans le bâtiment.
En novembre 2022, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné l'expulsion des occupants. Officiellement, le CHU Purpan souhaite récupérer ce bâtiment pour s'étendre. Un projet de "Grand hôpital régional des enfants" dont le coût est estimé à 147 millions d'euros. Le chantier devait démarrer cette année.