La Lotoise Joséphine Gondon, alias Arria Ly, est une figure du féminisme en France. En 1910, elle se présente aux élections législatives à Toulouse, alors que les femmes n'ont pas le droit de vote. Les archives départementales de Haute-Garonne possèdent son affiche électorale.
Joséphine Gondon est une militante et journaliste qui a compté dans l'histoire de la lutte féministe.
Née en 1881 à Cieurac, dans le Lot, elle représente l'aile radicale du mouvement féministe français. Plus connue sous son pseudonyme, Arria Ly, elle milite pour une égalité absolue entre hommes et femmes.
Le droit à l'auto-défense
A cette époque, à l'heure de la deuxième vague du féminisme qui a vu le jour au 18ème siècle, les revendications s'organisent autour de quatre points : le droit de vote des femmes, leur éducation, le droit au divorce et l'égalité des salaires. Arria Ly y souscrit, mais porte également des revendications plus radicales : la jeune femme en effet milite pour le droit à l'auto-défense contre les agressions masculines et revendique celui de provoquer en duel les hommes. Ce qu'elle fera d'ailleurs au début du XXème siècle, lorsqu'elle blesse un médecin qu'elle juge responsable de la mort de son père. Un geste qui la fait connaître dans les médias notamment et qui lui vaut d'être jugée puis acquittée en 1904.
Candidate aux législatives de 1910
A l'issue de ce procès, Arria Ly doit quitter Grenoble. Elle s'installe à Toulouse avec sa mère. C'est là qu'en 1910, elle se présente aux élections législatives, alors que les femmes n'ont pas encore le droit de vote (elles ne l'obtiendront qu'en 1944 !) et qu'elle n'est donc pas éligible. Elle n'est évidemment pas élue, et en cas de victoire, son élection aurait été invalidée.
La radicalité de son engagement lui confère une certaine notoriété mais n'est pas du goût des médias. Ainsi, le journal Frou-Frou, en 1911, écrit : "Mademoiselle Ly ! Vous n'avez plus l'heureux âge, où les incartades se corrigent par les fessées. Vous avez celui où des douches fréquentes peuvent rétablir l'équilibre de l'organisme. Je me permets de vous en conseiller l'usage...".
En 1934, désespérée par la mort de sa mère, elle fait une première tentative de suicide en se jetant dans la mer Baltique, à Stockholm où elle vit. Sauvée puis internée, elle renouvelle son geste deux mois plus tard en se jetant du toit d'un immeuble de seize étages.
Visite inédite aux Archives départementales
Cette femme hors normes, qui a créé son propre journal, Combat féministe, en Haute-Garonne entre 1912 et 1913, est l'une des figures féminines qui seront évoquées, ce mardi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, aux Archives départementales de la Haute-Garonne.
A partir de 17h30, les archives proposent une visite inédite des fonds à travers plusieurs figures féminines de l’histoire du département. Et ce, du Moyen-Age jusqu'à aujourd'hui.
Marie-Louise Dissart dite Françoise, grande résistante, Paule de Viguier, la Marquise de Pompadour, Marthe Condat, première titulaire d'une chaire de médecine, Marthe Canal, chef d'orchestre y seront évoquées, ainsi, bien sûr qu'Arria Ly.