Justice : le meurtrier présumé de Martine Escadeillas devant la cour d'assises de Toulouse plus de 35 ans après les faits

Vendredi 1er juillet s'ouvre le procès devant la cour d'assises de Toulouse de Joël Bourgeon, soupçonné d'avoir tué en 1986 Martine Escadeillas, une jeune secrétaire dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Longtemps, l'affaire Escadeillas a été considérée comme un cold case, une affaire criminelle non résolue de nombreuses années après les faits mais qui reste susceptible d’être rouverte si un nouvel indice apparaît. C'est en 2019 qu'elle a considérablement avancé.

Martine Escadeillas, une secrétaire de 24 ans, disparaît le 8 décembre 1986, après avoir déposé son compagnon Thierry à un arrêt de bus, aux alentours de 8h30. La jeune femme rentre ensuite à son domicile de Ramonville, près de Toulouse (Haute-Garonne). Avant de disparaître.

La piste criminelle immédiatement retenue

Une quantité importante de traces de sang relativement fraîches dans la cage d'escalier et dans la cave de son immeuble orientent rapidement les enquêteurs vers la piste criminelle. A cela s'ajoute le témoignage d'une voisine qui affirme avoir entendu des cris dans l'escalier et avoir aperçu un homme de dos, accroupi sur le corps d'une femme.

Le sang s'avère être celui de Martine Escadeillas : une première information judiciaire est ouverte contre X le 24 décembre 1986 du chef d'assassinat.

Les enquêteurs s'intéressent évidemment à l'entourage de la disparue, décrite comme une jeune femme sans histoires. Même l'hypothèse Patrice Alègre est envisagée. Mais l'enquête patine. Plusieurs ordonnances de non-lieu sont prononcées.

Un courrier au procureur de la République

Mais l'affaire rebondit en 2016, quand une proche de la famille Escadeillas adresse un courrier au procureur de la République de Toulouse. Elle y fait part de ses soupçons concernant Joël Bourgeon, le désignant même comme l'assassin potentiel de Martine Escadeillas. Pour elle, Joël Bourgeon, un ami de Martine et de son compagnon, était secrètement amoureux de la jeune femme, connaissait parfaitement l'immeuble et possédait un double des clés de l'appartement du couple.

Une ancienne compagne de Joël Bourgeon raconte aux enquêteurs qu'au début de leur relation, l'homme lui demandait de se coiffer comme la victime, dont il enviait la vie de couple.

Joël Bourgeon est interpellé le 22 janvier 2019. Rapidement, l'homme avoue. Ce jour-là, il s'est rendu au domicile de Martine Escadeillas pour lui relater l'infidélité supposée de son compagnon et lui avouer ses sentiments. La jeune femme l'aurait éconduit, une violente dispute s'ensuit. Mais 33 ans après les faits, il se révèle incapable de dire ce qu'il a fait du corps.

Rétractation

Le 1er février 2019, lors de son premier interrogatoire au fond, Joël Bourgeon se rétracte, affirmant que ses aveux lui ont été dictés par les gendarmes. Depuis, il est en détention préventive. Son avocat, maître Eric Mouton, souligne l'absence "d'éléments concrets" contre son client. Il reconnaît que "des aveux, ça pose toujours question, même s'ils ont été obtenus sans avocat". Mais estime que ces déclarations de l'accusé sont "pétries de contradictions" et ne permettent pas d'établir sa culpabilité.

La famille de Martine Escadeillas, elle, espère que ce procès, plus de 35 ans après la disparition de la jeune femme, permettra de libérer la parole et de permettre de retrouver le corps de Martine, afin qu'elle puisse "reposer auprès de ses parents, dignement".

L'audience durera quatre jours, le verdict est attendu mercredi 6 juillet.

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