Dans une double plaidoirie, la défense de Jean-Baptiste Rambla a plaidé ce jeudi les failles de son client, homme brisé, emmuré dans son passé, victime d'un "traumatisme désorganisateur".
"Ne vous fiez pas aux apparences car se fier aux apparences, c'est se faire le bourreau" : ainsi maître Aurélie Joly a débuté sa plaidoirie, pour la défense de Jean-Baptiste Rambla, jugé par la cour d'assises de Toulouse pour le meurtre en récidive de Cintia Lunimbu.
Elle est longuement revenue sur le passé de l'accusé, enfant-victime puisque témoin de l'enlèvement de sa soeur Marie-Dolorès Rambla, que l'on retrouve assassinée en 1974, meurtre qui deviendra l'affaire dite du pull-over rouge, avec la condamnation à mort et l'exécution de Christian Ranucci.
"Nous ne sommes pas en face d'un monstre. Son acte est monstrueux mais lui reste un homme parmi les hommes", dit-elle. "Elle est morte pour rien, Cintia. Je sais que les regrets ne sauraient être suffisants mais sa soeur est montée au ciel quand lui est descendu dans les ténèbres".
Et d'évoquer le funeste héritage, la violence du père, l'impression de Jean-Baptiste Rambla de n'être rien. "Il a toujours été le fils de, le frère de, le témoin de".
Comment peut-on vivre ainsi ? Comment peut-on se construire au milieu de ces drames ?
Maître Frédéric David lui succède à la barre. "C'est un homme couvert de crime que je vous vois regarder. Et pour la première fois depuis longtemps, j'ai peur. Je vous vois le regarder avec détachement, comme pour mieux vous rappeler que vous êtes différents".
Maître David exhorte les jurés à ne pas accepter le "prêt-à-penser" qu'on leur impose. "C'est aussi votre coeur qui doit vous pousser à raisonner". Il cite l'expert-psychiatre qui a évoqué le "traumatisme désorganisateur" de Jean-Baptiste Rambla, "saturé de destructivité".
"Alors, quand on vient nous dire qu'on a affaire à un homme organisé, calculateur et menteur, c'est une drôle de façon de vous dire ce que vous devez penser. C'est une tentative de vous prendre pour des gros cons".
Frédéric David a demandé aux jurés d'être "émus et lucides face à ces immensités d'amertume".
Accordez à cet homme le bénéfice du poids de son ressentiment. Condamner comme on vous le demande, c'est nier à cet homme l'humanité qu'il recèle.
"Montrez-lui qu'un autre monde est possible. Transformez cette perpétuité [requise par l'avocat général, NDLR] en trente ans et répondez à cette exigence d'humanité".
Invité à s'exprimer une dernière fois, Jean-Baptiste Rambla s'est tourné vers la cour : "Vous avez tous les éléments pour me juger en votre âme et conscience". Puis, s'adressant à la famille de sa victime : "Madame, Monsieur, il faut que justice vous soit rendue, pour la mémoire de Cintia. Rien ne peut vous apaiser surtout pas mes paroles. Aujourd'hui, Cintia est un ange qui veille sur vous".