Le manque d’hébergement d’urgence est tel qu’à Toulouse (Haute-Garonne), le Samu social doit faire appel à des bailleurs privés, des hôteliers. L’association Droit Au Logement dénonce les conditions indignes dans lesquelles les familles y sont accueillies.
Aramé Gué est une maman seule de 3 adolescents. Arrivée cet hiver d’Espagne, elle a d’abord passé 3 mois dans la rue et dans le froid. Mais au printemps dernier, la mère de famille bénéficie d’un hébergement d’urgence pendant un mois, avant d’être déplacée début mai dans un hôtel à Roques. “Nous vivons à 4 dans une chambre d’hôtel, où le chauffage et la climatisation ne fonctionnent pas” témoigne Aramé, “les enfants n’ont pas le droit de jouer en dehors de la chambre, c’est invivable.”
Cafards et punaises de lit
Sa voisine de chambre, est elle aussi arrivée il y a quelques semaines avec son bébé. Mais lorsqu’elle a découvert l’état de la chambre qui lui avait été attribuée, elle a fondu en larmes. “C’était le soir, il était tard et j’ai dû tout nettoyer tellement c’était sale”, se souvient-elle. “Mais je n’ai rien pu faire contre les cafards et les punaises de lits, ils sont toujours là et la chambre sent très mauvais.”
Un témoignage que réfute le personnel de l’hôtel. Un responsable assure qu’il n’y a ni parasites ni problèmes d’hygiène dans l’établissement. Un employé précise désinfecter systématiquement lorsqu’un problème de ce type est signalé, et que les cafards sont attirés par la nourriture laissée au sol par les familles.
Nous n’avons pas eu l’autorisation de rentrer dans l’établissement pour le constater. D’extérieur, la façade et le parking de cet hôtel sont parfaitement entretenus. Mais les derniers avis laissés par les clients (il y a plus de 6 mois) sur des sites de réservation vont dans le sens des familles : “propreté très moyenne”, “odeur infecte de crasse mélangée à du tabac froid”, “chambres mal entretenues et en mauvais état.”
Le propriétaire possède plusieurs hôtels sur l’agglomération toulousaine. Des établissements dont ils louent les chambres à l’Etat pour l’hébergement d’urgence et dont les associations toulousaines dénoncent depuis plusieurs mois l'insalubrité.
Loin des transports en commun
Mais pour ces familles habituées à vivre dans des conditions difficiles, le plus compliqué à vivre est l’éloignement de Toulouse et des transports en commun. Situé entre l’autoroute et la route départementale, l’hôtel est à 43 minutes à pied du premier arrêt de bus et à une vingtaine de kilomètres du centre de Toulouse. Un vrai problème pour les enfants, tous scolarisés dans des quartiers toulousains.
L’hôtel leur met à disposition une navette tous les jours et 7 fois par jour : à 7h, 8h et 9h le matin, et 17h30, 18h30 et 19h30 le soir pour rentrer. “Mes fils font du foot le soir après l’école. Après l'entraînement, le temps d’aller jusqu’à Basso Cambo pour récupérer la navette, il est plus de 20h”, raconte Aramé Gué. “On doit alors prendre les transports en commun mais avec près d’une heure de marche ensuite, on rentre très tard et il faut se lever très tôt le lendemain pour l’école.” La mère de famille a également été contrainte d’abandonner son travail, faute de transport pour s’y rendre. “L’éloignement géographique impacte tous les aspects de leur vie”, analyse Nour Mertad, bénévole au DAL 31, l’association du Droit Au Logement. “Sans transport, se rendre à Toulouse pour honorer leurs rendez-vous administratifs et recevoir de l’aide alimentaire est un vrai parcours du combattant. Elles n’ont pas de véhicules, c’est pour cela que nous demandons à ce qu’elles soient hébergées à Toulouse.”
Accompagnées par le DAL 31, les familles hébergées à l’hôtel ont signé une pétition pour demander le respect des mesures d’hygiène et des navettes plus fréquentes.