Selon des parlementaires partis en Syrie, accompagné notamment de l'avocat de Toulouse Ludovic Rivière, "la situation dans les camps où sont détenus de nombreux Français était explosive". Ils appellent la France à rapatrier ses ressortissants en urgence.
Du 26 février au mercredi 3 mars, l'avocat toulousain Ludovic Rivière s'est rendu au Kurdistan irakien et dans la région du Rojava, au Nord-Est de la Syrie, accompagnant une mission de parlementaires de l'Assemblée nationale et du Parlement européen, et d'avocats mandatés par l'ONG Avocats Sans Frontières. Cette mission revenue en France décrit des conditions de vie insoutenables dans les camps où vivent plusieurs familles de djihadistes français.
Des conditions de vie inhumaines
Sur place, la délégation a pu constater que les enjeux et défis sécuritaires et humanitaires sont considérables. Dans les camps de Roj, au Nord-Est de la Syrie, plus de deux cents enfants vivent dans des conditions insoutenables.
Dans un communiqué, les parlementaires demandent :
Nous appelons donc instamment à ce que des mesures urgentes soient prises pour que leur sécurité physique, affective et morale soit assurée dans le respect du principe européen de « l’intérêt supérieur de l’enfant »
En juin 2020, Ludovic Rivière, connu pour ses positions en faveur du rapatriement des enfants de jihadistes, avait défendu les intérêts de trois enfants. Il avait obtenu leur retour en France.
Alors que la France refuse toujours de rapatrier ses ressortissants, es autorités belges ont décidé de rapatrier les familles de djihadistes. La mission de parlementaire et d'avocats français considère ce choix du gouvernement comme "indigne".
Les laisser exposés à la violence physique, psychologique et idéologique est irresponsable. C'est d'ailleurs ce qu'ont exprimé les juges antiterroristes français par la voix de leur coordonateur.
Le silence du gouvernement français
La délégation estime que sans le soutien réel et concret de la communauté internationale et notamment de la France, la situation ne peut que se dégrader.
En l’absence de toutes perspectives de création d’un tribunal international ad hoc, nous appelons les autorités françaises à ne pas laisser nos ressortissants présents dans ces camps échapper à la justice et à les rapatrier en France, seul pays où ils sont judiciarisés, afin qu’ils rendent compte de leurs actes
La délégation française, qui avait passé la frontière syrienne s’est vu refuser de poursuivre son déplacement sur le territoire du Rojava par les autorités kurdes de Syrie. Pourtant d’autres délégations de Belgique, Finlande, Allemagne, Autriche, et Catalogne ont pu se déplacer au Rojava et pour la plupart accéder aux camps. Pour l'avocat toulousain, la raison de ce refus est claire :
Nos échanges sur place nous permettent d’affirmer que ce refus est dû à la pression directe des autorités françaises
« Toutes les grandes choses de l'#humanité ont été accomplies au nom de principes absolus. »Ernest Renan
— Ludovic Riviere (@LudovicRiviere_) February 28, 2021
Sur l’autre rive du Tigre : le Rojava, les camps de #Roj et d’#AlHol.
Jamais nous ne renoncerons.
Jamais nous n’abandonnerons ces enfants. pic.twitter.com/lpjoeQajr0
Les autorités françaises sont régulièrement montrées du doigt pour leur refus de rapatrier les djihadistes français, hommes et femmes, qu'elles estiment complices du groupe État islamique, en Syrie et en Irak, et pour le retour au compte-gouttes des enfants, subordonnés à l'autorisation des parents.