L'histoire de Mobina, une Iranienne qui vient d'obtenir son bac mais menacée d'expulsion

Elle s'appelle Mobina, elle vient d'obtenir son bac avec mention au lycée Saint-Sernin de Toulouse. Mais cette Iranienne qui a fui son pays a vu sa demande d'asile rejetée par les autorités françaises. Ses professeurs qui l'ont suivie pendant deux ans ne peuvent se résoudre à son expulsion.

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Mobina pourrait être la bachelière la plus heureuse au monde. Elle vient d'obtenir son diplôme et Parcours sup a bien validé son entrée en médecine pour septembre. Cette jeune Iranienne a fui son pays après s'être convertie au protestantisme.

Arrivée à Toulouse en mars 2020 sans parler un mot de français, elle a fait l'admiration de tous ses professeurs de par son engagement et son excellence en termes d'études. Elle a donc demandé asile à la France, terre accueil s'il en est. Une demande refusée en première instance et confirmée en appel. Elle est donc sous le coup d'une expulsion. 

La justice française refuse le droit d'Asile à Mobina

"Tout le monde a été attentif à sa situation. On a vu son travail et son attitude exemplaires, elle a eu les félicitations les 2 derniers trimestres et le soutien de tous ses professeurs". Stéphanie Cros est professeur de Lettres et de français langue étrangère au Lycée Saint-Sernin de Toulouse. Elle ne tarit pas d'éloges sur cette jeune Iranienne arrivée à Toulouse en mars 2020 en plein confinement après avoir quitté son pays et être expulsée d'Allemagne.

"Elle est arrivée en classe de seconde, affectée à la filière UPE2A  pour les élèves migrants allophones. Elle a appris le français en distanciel. Quelques mois plus tard, après des efforts surhumains, elle a intégré une 1ère générale avec des matières scientifiques. Je l’avais 2 heures par semaine pour du soutien en français. Elle a appris très vite et s’est adaptée rapidement car elle est autonome et mature. Elle traduisait ses cours en persan jour et nuit. Elle a forcé notre admiration."

Mais pas de quoi convaincre les autorités françaises. Une première demande de titre de séjour échoue à la rentrée 2021. L'élève brillante exerce alors son droit de recours. L'audience en appel du 17 janvier 2022 est reportée. Mobina continue tout de même de préparer son bac, sans oublier les demandes auprès de Parcours sup pour faire des études supérieures de médecine.

Une nouvelle convocation lui parvient pour le 14 juin à 14h... à Montreuil... la veille des épreuves de philo ! Elle revient donc de la région parisienne et rentre en gare Matabiau à 23h40 pour des épreuves le lendemain à 8h. Elle obtient tout de même son bac avec une moyenne de 12,75/20. Le jour des résultats, elle reçoit un autre papier : le refus de son droit d'asile.

Mobina est très affectée par ce refus. Elle m'a dit : "Je suis dans les ténèbres". Elle espérait vraiment obtenir le droit d'asile. Son retour en Iran n'est pas envisageable, il n'y a aucun avenir dans ce pays pour une femme qui veut faire des études médicales. Elle est désespérée. On essaie de faire renaître l’espoir.

Stéphanie Cros, professeur de Lettres et de Français langue étrangère au lycée Saint-Sernin

Un parcours extraordinaire

Face à ce refus, ses professeurs se sont mobilisés. Une pétition est en ligne, elle sera reprise sur le site de Réseau Education Sans Frontière. La Cimade est aussi venue à sa rescousse.

Juridiquement, Mobina peut demander un titre de séjour à la préfecture de la Haute-Garonne mais il faut le faire très vite. Suite au refus du droit d'asile, si elle reçoit un papier lui signifiant son Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), la préfecture ne pourra plus lui octroyer un titre de séjour et elle pourra être expulsée à tout moment.

Entre temps, avec la mobilisation de ses professeurs et de son lycée, un logement pour Mobina et sa mère a été déniché à Toulouse. Quant à son père, lorsque les autorités iraniennes ont trouvé une bible dans le logement familial iranien, il a été placé en prison.

Dès son arrivée en France, Mobina a eu un parcours scolaire exemplaire, bravant toutes les difficultés et faisant l'admiration de ses professeurs. "Non seulement elle est brillante mais elle fait aussi du bénévolat pour de l’aide aux devoirs, de l'escrime à haut niveau, elle joue aussi du Târ (guitare iranienne). Mais son rêve, c'est de devenir neurologue. Elle a donc demandé la filière médicale Pass qu'elle a finalement obtenue. A la rentrée, elle sera en  prépa médecine à Rangueil, si elle obtient son titre de séjour."

Malgré son jeune âge, elle a déjà rédigé plusieurs publications dans des revues scientifiques en anglais, notamment sur les cellules cancéreuses. Alors, France terre d'asile ou pas ? L'exemplarité de Mobina, sa ténacité, son intelligence ont été démontrées mais seront-elles suffisantes pour rester sur le sol français ?

Dès lundi, un juriste de la CADA (Comission d'Accès aux Documents Administratifs) a rendez-vous avec elle pour déposer au plus vite un dossier à la préfecture de Toulouse afin d'obtenir son titre de séjour. Et justifier ainsi la devise républicaine de la France : Liberté Egalité Fraternité.

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