Pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo, le PS 31 publie un dessin de Cabu en une de "L'Avenir", son mensuel interne. Un dessin qui étrille les socialistes et qui fait grincer les dents de certains militants. Le secrétaire fédéral assume totalement cet acte d'autodérision.
Pour certains militants "ça va un peu trop loin". Pour d'autres, c'est simplement "malvenu". La une du numéro de février 2015 de "L'Avenir", le journal mensuel interne du Parti Socialiste de Haute-Garonne, distribué à 6000 exemplaires, fait grincer des dents. On y voit un dessin de Cabu où François Hollande, entouré de portraits de Jérôme Cahuzac et de DSK sous la mention "du fric et du cul", s'interroge : "de quoi vous plaigniez-vous ?".
"C'est une vraie démarche, totalement assumée, répond Sébastien Vincini, le nouveau premier secrétaire fédéral du PS de Haute-Garonne. "Nous voulions rendre hommage à Charlie Hebdo et j'avais été frappé par une déclaration de son ancien directeur, Philippe Val, qui demandait que tous les journaux fasse leur une avec un dessin de Charlie. Nous avons donc sélectionné 9 dessins et c'est celui-ci que nous avons choisi".
Mais pourquoi une caricature qui étrille le président de la République et le PS ? "C'est trop facile de rire de Merkel, de Sarkozy ou de Le Pen, poursuit Sébastien Vincini. C'est vrai qu'au moment où il est paru dans Charlie ce dessin ne nous a pas fait rire. Mais aujourd'hui, il faut défendre la liberté d'expression et le droit à la caricature, surtout quand on est concerné. C'est ça aussi être Charlie".
"Des camarades m'ont appelé, effectivement, reconnaît-il, choqués par notre une. Mais l'eau tiède n'est pas mon fort. Je ne suis pas un lecteur assidu de Charlie Hebdo, ils ne m'ont pas toujours fait rire, mais je suis dans une démarche de dire que ce qui nous heurte permet de nous interroger sur ce que nous sommes. J'ai été élu sur un projet d'esprit critique, de liberté de ton. S'étriller nous-même, entre socialistes, ça fait partie de mes pratiques. Et je n'ai jamais été rappelé à l'ordre par Solférino".
Les partis politiques n'ont pas l'habitude d'utiliser leurs publications internes pour ce type d'exercice. Le plus souvent, ces organes "officiels" relaient la parole tout aussi "officielle". Ce qui amènent certains militants socialistes à se dire que "les choses ont changé au PS de la Haute-Garonne". Ce que Sébastien Vincini résume de la manière suivante : "Je soutiens l'action du gouvernement et de nos parlementaires. Mais nous ne sommes plus dans un parti silencieux".