Pour la 1ère fois, un club du Top 14 organise un test de dépistage à la cocaïne chez ses joueurs. Cette initiative traduit une évolution des mentalités. Le fléau de cette drogue frappe durement le monde du rugby. Mais ce n'est plus un tabou. Le magazine du Rugby a ouvert le dossier.
On est très loin de la traditionnelle 3ème mi-temps. La fête et parfois certains excès appartiennent à l'univers du rugby. Les responsables des clubs ont appris à gérer l'alcoolisation ou la consommation de certains produits stupéfiants. Mais, face à la cocaïne, ils se sentent démunis.
Une prise de conscience
Fin septembre, à Dijon, la fédération française de Rugby a organisé un colloque sur les thèmes des addictions. Autour de la table sont réunis des formateurs des pôles espoirs. Un des participants exprime un besoin d'aide et d'accompagnement : " vous avez balayé un certain nombre d’addictions. Très honnêtement, il y a une qui fait peur : la cocaïne. C'est celle, en ce qui me concerne, que l'on connaît et que l'on maîtrise le moins".
En effet, il existe, depuis des années, des protocoles pour guider les responsables dans la gestion de l'alcoolisation à outrance ou des antalgiques. Ce n'est pas le cas s'agissant de la cocaïne. D'ailleurs, il a fallu attendre le 1er janvier 2024 que la cocaïne soit qualifiée, par le code mondial antidopage, comme un produit dopant. Il y a encore quelques mois, elle était considérée - selon la terminologie consacrée - comme une simple substance d'abus.
Une drogue "facile"
La cocaïne est devenue une drogue "facile". Elle n'est plus réservée à certains milieux. En 10 ans, sa consommation a été multipliée par 4 et sa production a doublé. Conséquence : les prix ont chuté. Un gramme coûte entre 50 et 80 euros.
🗣️“Rugby has a real cocaine problem. Whether at sevens, league or union.”
— Planet Rugby (@PlanetRugby) September 14, 2024
👮Leading professional clubs to clamp down on cocaine ‘plague’ in rugby unionhttps://t.co/fU2y9X3cxb
Mathias Marchand est magistrat au Parquet de Toulouse. Il est en charge des dossiers sur les stupéfiants et il dresse un constat sans appel : "une facilité d'accès à la cocaïne par le biais des réseaux sociaux. Aujourd'hui n'importe qui, de son salon, avec son téléphone portable, peut commander. On assiste à une véritable ubérisation de la consommation de cocaïne".
La reconnaissance d'un fléau
Dans le Gers, 24 des 25 clubs du département ont reconnu avoir des problèmes avec la cocaïne. Lors d'une réunion à Lisle-Jourdain, un des participants reconnaît ouvertement l'ampleur du fléau : "la drogue, la cocaïne est presque dans tous les clubs pour durer plus longtemps, pour pouvoir faire la fête une fois de plus".
Le fait d'en parler n'est plus un tabou. La médiation de certaines affaires à libérer la parole. La demande d'aide et d'accompagnement est plus facile à faire pour les clubs. D’autant plus que des mesures sont prises par les instances du rugby.
Un 1er dépistage dans un club du top 14
Début octobre, le Racing 92 a organisé un contrôle antidrogue. 4 joueurs ont été tirés au sort sous le contrôle d'un huissier. Les résultats resteront secrets. Le président du club, Laurent Travers, estime que ce contrôle était "prioritaire côté santé physique du joueur mais aussi vis-à-vis de nos partenaires et vis-à-vis de l'entité du club parce que c'est important de pouvoir aider, accompagner les joueurs dans ce sens parce que ce fléau on doit faire en sorte tous, de l'arrêter ce sera impossible mais de le diminuer".
L'intégralité de l'enquête en images avec ce dossier réalisé par Hélène Archila :