La famille d'Abel Chennouf, une des victimes de Mohamed Merah, a annoncé son intention de déposer une nouvelle plainte visant la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à qui elle reproche des "dysfonctionnements graves" dans la surveillance du "tueur au scooter".
Plusieurs plaintes des proches du militaire tués à Montauban le 15 mars 2012 par Mohamed Merah avaient entraîné en février l'ouverture d'une enquête préliminaire menée par le parquet, toujours en cours. Mais avec cette nouvelle plainte, avec constitution de partie civile, les parents, frère et soeur d'Abel Chennouf, entendent selon leur avocate, Me Béatrice Dubreuil, obtenir la désignation d'un juge d'instruction.
Mauvaise évaluation de la dangerosité de Merah
Dans leur projet de plainte, ils dénoncent une "série de dysfonctionnements graves imputables à la DCRI, en particulier des services centraux parisiens". Ils lui reprochent la mauvaise évaluation de la dangerosité de Merah qu'elle a "même envisagé de recruter comme source"."Alors que les autorités savaient à quel point l'auteur des tueries" présentait "une menace directe, pourquoi ne sont-elles pas intervenues avant qu'il ne commette la série d'assassinats", "si les membres de la fratrie Merah étaient déjà surveillés depuis 2006, pourquoi la surveillance de Mohamed Merah et de sa famille a-t-elle été brusquement arrêtée le 14 novembre 2011", s'interrogent-ils.
La famille Chennouf établit un "lien de causalité direct et certain entre l'arrêt délibéré" de cette surveillance après un entretien de Mohamed Merah au siège toulousain de la DCRI "et la commission de ses crimes" à Toulouse et à Montauban.
Une nouvelle plainte à venir ?
La plainte rédigée notamment pour "non empêchement d'un crime ou d'un délit portant atteinte à l'intégrité corporelle de la personne, mise en danger délibérée de la personne d'autrui", s'appuie sur le rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices) qui avait en octobre 2012 relevé "plusieurs défaillances objectives".
Avocat de la veuve d'Abel Chennouf, Me Frédéric Picard, a annoncé une démarche similaire "la semaine prochaine" avec une plainte pour homicide involontaire.
Après les tueries de Toulouse et Montauban, le patron de la DCRI de l'époque Bernard Squarcini et le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avaient présenté Merah comme un "loup solitaire", une thèse que récusent les proches des victimes.
Trois mises en examen dans l'affaire Merah
Pour l'heure, trois hommes sont mis en examen dans l'enquête sur les éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier Merah: son frère Abdelkader, arrêté au moment où débutait le siège dans lequel son frère devait trouver la mort; Fetha Malki, soupçonné d'avoir fourni de l'armement au tueur au scooter mais qui réfute avoir eu connaissance de ses projets criminels; Mohamed Mounir Meskine qui vient d'être remis en liberté et nie avoir pris part au vol du scooter que devait utiliser Merah pour ses crimes.