Une structure sportive et de bien-être privée qui proposait des cours d'aquagym à Colomiers près de Toulouse (Haute-Garonne), a fermé ses portes le 5 octobre 2023 après avoir encaissé les nouveaux abonnements. Certains adhérents annoncent vouloir porter plainte. La gérante affirme qu'elle ne pouvait plus assumer des réparations devenues trop coûteuses.
Mauvaise surprise pour tous ceux qui s'étaient inscrits au Swincenter Colomiers (Haute-Garonne). Cette structure privée, sportive et de bien-être, qui proposait des cours d'aquagym et de natation aux enfants depuis 8 ans, a fermé ses portes, du jour au lendemain, le 5 octobre 2023. Certains abonnés ont appris la nouvelle en trouvant porte close.
Le 8 octobre 2023, sa gérante Léocadie Lemoine, poste une vidéo sur la page Facebook du Swimcenter confirmant en larmes la nouvelle. Elle y évoque un problème de chaufferie en panne. "Les problèmes sur le bassin sont plus importants que prévu et la trésorerie de l'entreprise ne permet pas d'effectuer les réparations. Le club ne va pas rouvrir." Effondrée, la gérante, qui assure que ce club était "sa passion", évoque "un échec personnel" et s'excuse auprès des ses adhérents.
Elle double l'annonce par un post écrit, 3 jours plus tard : "Le club ne pourra pas assurer les réparations de la machinerie, qui sont bien trop coûteuses. Malheureusement encore, aucun remboursement ne sera envisageable". Et d'ajouter, "la liquidation est en cours", vous pourrez lorsque j'aurai plus d'informations, contacter le mandataire".
Soutien et colère des adhérents
Si Léocadie Lemoine reçoit beaucoup de messages de soutien de la part des abonnés, d'autres font part de leur colère. Beaucoup s'étonnent de ce choix de communication. "J'avais le même jour que la vidéo, envoyé un mail à tous ceux qui ont passé la porte de l'établissement depuis 8 ans", rectifie la gérante, que nous avons rencontrée avec son avocat Me Jean-Philippe Monteis, ce vendredi 3 novembre 2023. "Mais il y en avait 4 000, et leur envoi s'effectue sur plusieurs jours", affirme celle qui fait face aux commentaires.
D'autres adhérents trouvent étrange que cette décision de fermeture définitive intervienne seulement 10 jours après la fin d'une promotion applicable au renouvellement des inscriptions. Et qu'aucun remboursement ne soit possible alors qu'un abonnement à l'année coûte plusieurs centaines d'euros. "Le 25 septembre, je vais avec une amie inscrire nos fils à un cours de natation devant avoir lieu la première semaine des vacances ( NDLR : de la Toussaint), nous payons chacune 90€, elle, en carte bleue et moi en espèce, témoigne, remontée Alexia qui a appris la fermeture définitive sur Facebook, après avoir envoyé un mail pour confirmation de l'horaire, resté sans réponse.
En vérifiant son contrat, l'adhérente se rend compte que "les dates du stage sont antidatés" (...) Et ce n'est pas terminé le contrat stipule un seul paiement de 90€ en carte bleue alors que je rappelle que nous avons payé 90€ en carte bleue + 90€ en liquide .... j'ai du mal à croire à une erreur." " Une simple erreur", a assuré la gérante sur le réseau social.
L'impression d'avoir été trompée
Katixa, aussi reste dubitative. Si elle comprend la décision, elle a tout de même l'impression d'avoir été un peu trompée. "J'ai été alertée par un des salariés qui donne des cours particuliers de natation à l'un de mes enfants, il m'a dit qu'il ne pourrait pas l'assurer car le club avait fermé", s'agace-t-elle auprès de France 3 Occitanie. Cette mère de famille qui côtoie le club depuis deux ans a alors découvert comme d'autres la vidéo. Elle venait de se réinscrire en août dernier. "Fin août, elle m'a proposé un abonnement de 50 séances et j'ai opté pour le prélèvement automatique pour un total de 300 euros. Je ne trouve pas cela très honnête même si je peux comprendre que la gérante rencontrait des problèmes, qui, à mon avis remontaient à plusieurs mois."
Léocadie Lemoine et son avocat réfutent ces accusations pointées par plusieurs abonnés. "C'est l'une des seules sociétés de sport qui a résisté au Covid puisque beaucoup ont fermé en raison des interdictions d'ouverture. Et si elle a résisté, c'est parce que ma cliente a réinjecté son argent personnel, notamment celui perçu lors de la succession après le décès de sa mère", plaide Me Monteis. Il ajoute : "Cette société n'avait pas de soucis. Ce n'est qu'à partir du moment où sont survenus de graves problèmes techniques pour lesquelles les sommes des réparations étaient totalement disproportionnées par rapport à la trésorerie, que la décision de fermeture a été prise. La banque s'est montrée frileuse pour l'aider, les salles de sport étant considérées comme des sociétés à risque depuis la pandémie."
400 000 euros d'investissement
Dans leur défense, la gérante et son conseil entrent dans le détail des graves problèmes techniques imprévisibles rencontrés début octobre : "En l'espace de 3 jours, l'escalier d'accès au bassin s'est effondré, la ventilation et le filtre de la piscine ont lâché". Me Monteis va plus loin et soupçonne un taux d'usure "anormal" des installations, réalisées par le franchiseur, il y a huit ans. "Impossible de se retourner. La société du franchiseur a été liquidée, tout comme son assurance, désormais une coquille vide", assure l'avocat. Au total, Léocadie Lemoine avait investi 400 000 euros pour ouvrir sa structure en franchise en 2016 qui employait deux salariés. Le crédit venait d'être remboursé dans sa totalité au 30 septembre.
Dépôt de bilan
Disposant d'un délai légal de 45 jours, le dépôt de bilan vient d'être déposé le 3 novembre. La gérante de la société LD project sera prochainement convoquée au tribunal du commerce, qui décidera de sa probable liquidation. "J'ai fait mon maximum, du ménage à l'accueil, donné des cours, investi mon agent personnel, insiste la jeune femme. Je ne souhaitais vraiment pas cette finalité."
Reste que la plupart des adhérents (600 actifs) qui avaient renouvelé leur abonnement, se retrouvent le bec dans l'eau. Grâce à l'indication d'une internaute, Katixa a pu se faire rembourser 200 euros sur 300 euros en s'appuyant sur la loi 133-24 du Code Monétaire et Financier par sa banque, permettant le remboursement de prélèvement autorisé.
Mais toutes les banques n'ont pas validé cette procédure. Et quid de ceux qui ont payé leur abonnement en espèce, ou autre chèque de sport ?
Si Katixa, ne portera pas plainte, d'autres ont annoncé vouloir le faire. La justice décidera sans doute de la nomination d'un mandataire pour procéder à la liquidation judiciaire. D'autres structures franchisées "Swimcenter" sont toujours en activité ailleurs en France.