Le canal du Midi à Toulouse est bien connu pour sa voûte arborée. Les immenses platanes, appréciés des coureurs, cyclistes ou promeneurs, sont pourtant malades. Après avoir été infectés par le chancre coloré, plusieurs d'entre eux vont devoir être abattus.
Les platanes, à Toulouse (Haute-Garonne), on en compte des milliers. Mais depuis 2006, 80% des platanes longeant le canal du midi ont été abattus. Des abattages forcés, car les platanes du canal sont malades. Contaminés par le chancre coloré, petit champignon, responsable du dépérissement des arbres.
Depuis 2006, les arbres sont abattus
La campagne d'abattage des arbres n'est pas anodine sur les abords du canal. Depuis 2006, des dizaines d'arbres ont été abattus, par la suite, remplacés par d'autres essences. Pierre-Paul Riquet, y tenait, les arbres sont indissociables de son œuvre.
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"Les arbres servent à la fois à tenir les berges, grâce aux racines. Car ces berges ne sont pas faites de béton, mais d'argile. Mais aussi à limiter l'évaporation de l'eau du canal et être un corridor de biodiversité. On parle de trame verte et de trame bleue. La dernière correspond à la circulation de l'eau et la trame verte est le continuum d'arbre le long d'un certain espace" explique Jean Niquet, chef du service infrastructures VNF Sud-Ouest. Depuis presque 20 ans, 32 000 platanes ont été abattus, 19 000 ont été replantés. Une opération qui coûte de l’argent, 68 millions d’euros pour l'abattage, 54 millions pour les plantations.
Un 7 octobre: en 1666, l'édit royal donne ordre à la construction du Canal de navigation et de communication des deux mers Océane et Méditerranée.
— Toulouse jadis et naguère, histoire et patrimoine (@Dame_Tholose) October 7, 2024
Le Canal des deux mers deviendra le “Canal du Midi”.#toulouse_canaldumidi https://t.co/ZekcrsIh2T pic.twitter.com/FvRa8MCHOh
En 1694, les premières essences d'arbre sont plantées le long du canal du Midi. À l'origine, ce sont des saules, pour stabiliser les berges. Puis, le peuplier et le mûrier prennent place pour finalement voir arriver, en 1775, des platanes. Aujourd'hui, ce sont des arbres de grande taille comme le chêne chevelu qui sont replantés. Une essence, choisie avant tout, pour sa résistance. Mais six autres essences intercalaires ont été retenues comme le micocoulier, l'érable plane, le tilleul à petites et grandes feuilles, le charme houblon, le peuplier blanc et le pin parasol. Pour préserver l'aspect du canal, les arbres seront aussi replantés tous les 7 mètres, à l'identique des platanes historiques.
Éviter la contamination d'autres arbres
La nouvelle campagne d'abattage s'effectue tout le long des berges du canal. L'objectif principal, limiter la contamination vers les autres arbres. Lors de l'abattage, les sciures et les déchets peuvent transmettre la maladie du chancre coloré. Un véritable travail de précision pour les équipes de Léo Mourrut, conducteur de travaux d'abattage. "Un arbre, sans contraintes et sans les mesures du protocole qui sont appliquées, on mettrait une heure et demie pour l'abattre, mais là avec le protocole, on passe 4 à 5 heures par arbre."
Le chancre coloré est arrivé en France par Marseille en 1944. Introduit par des caisses de munitions en bois, infectées. Depuis, la maladie touche différentes régions, notamment dans le sud de la France. Le chancre coloré est reconnu comme danger sanitaire de première catégorie en France et fait l'objet d'une lutte obligatoire, organisée par des mesures de surveillance, de prophylaxie et d'éradication pour contrer son introduction et sa dissémination.