L'automne est arrivé en montagne. Les conditions météorologiques ont beaucoup évolué en quelques semaines. Pour profiter pleinement de vos sorties en sécurité pendant ces vacances de la Toussaint, nous avons demandé à Jean-Marc Galin qui commande le PGHM de l'Ariège (Peloton de gendarmerie de haute montagne) de faire un point sur les consignes de sécurité élémentaires.
La randonnée à l'automne, comme en hiver, exige de prendre en compte des paramètres que l'on ne rencontre pas en été. Parmi les principaux facteurs de risque en cette saison : les températures, la météo mais pas seulement. Jean-Marc Galin, commandant du PGHM de l'Ariège a accepté de faire un point concret sur les principales précautions à prendre pour éviter de se blesser ou de se perdre en montagne à cette période de l'année. Des conseils qu'il est bon d'avoir en tête en toute saison.
France 3 : La randonnée en automne, c'est un peu plus risqué que l'été. Quels sont les dangers ? Comment s'en protéger ?
Jean-Marc Galin : On est carrément sorti de l'été et on est passé en mode "bien" automne dans les Pyrénées. Ça veut dire que les nuits sont très, très fraîches. On a de la neige sur les sommets, les sentiers sont glissants. Si on n'est pas bien chaussé, on peut tomber très facilement. Donc vigilance sur ce point-là. Et sur les températures.
Même en journée, on a des conditions assez fraîches. À 700m, on est à 13-14 degrés. Ils annoncent zéro autour de 2000m, donc il faut avoir des tenues Goretex pour se protéger du vent et de la pluie, une veste chaude pour se protéger du froid et un bonnet et des gants dans le sac, c'est essentiel.
Il faut aussi prendre en compte le fait que les journées raccourcissent. Et à partir de ce week-end, on va changer d'heure. La nuit va tomber à 18h-18h30 donc on prend de quoi s'éclairer, une frontale. Et comme il va faire nuit bien plus tôt, on part tôt le matin pour ne pas être pris par la nuit.
Il faut avoir bien sûr du ravitaillement, de l'eau et un moyen de communication, un portable chargé. C'est important même si on n'a pas tout le temps du réseau mais on peut avoir un point GPS. Et après, si on peut, il faut éviter de partir seul, c'est un gage de sécurité… Il peut arriver que quelqu'un se blesse, mais il y a toujours une personne pour prévenir les secours.
France 3 : Quelles précautions prendre absolument d'après vous en amont de la rando ?
Jean-Marc Galin : On donne un itinéraire à ses proches et on se tient à cet itinéraire. On peut prévenir les services de secours. Ça ne nous dérange pas qu'on nous appelle, qu'on nous dise "j'envisage de partir à telle heure, de tel endroit et je serai retour à la voiture vers telle heure". On n'est pas à une heure près. Mais ce qui est important, c'est de se tenir à cet itinéraire.
Il faut évidemment s'informer sur les conditions météo et en tenir compte. Dans son sac, en plus des gants et du bonnet, il faut penser à prendre une boussole et une carte (et savoir s'en servir), une couverture de survie et un briquet. Si vous êtes perdu et contraint à dormir dehors, vous vous abritez, vous vous recroquevillez en fœtus dans la couverture de survie et vous allumez le briquet, vous montez la température de 10 degrés…
En plus du briquet, vous prenez quelques feuilles de papier journal au fond du sac. Ça vous permet de faire un feu et de vous réchauffer. Et même si vous êtes perdu en forêt, vous allumez un feu, vous faites de la fumée et nous, on vous repère. Autre ustensile basique : un sifflet. Si on vous cherche, la voix porte, mais pas forcément très loin. Et puis on peut s'épuiser à appeler. Avec le sifflet, c'est un souffle et on l'entend de loin.
France 3 : Tout le monde n'est pas montagnard. C'est une culture, un état d'esprit aussi qui s'acquiert, parce qu'il y a des risques. Que conseillez-vous aux gens qui débutent ?
Jean-Marc Galin : Il faut au moins se renseigner sur l'état d'esprit d'un montagnard. La montagne n'est pas un terrain de sport. C'est un endroit où on s'intègre dans un milieu et, pour s'intégrer dans ce milieu, on le respecte. Il y a des codes comme sur la route. Il y a l'entraide : si on a connaissance de quelqu'un qui est en danger, on essaie de voir ce qu'on peut lui amener sans se mettre soi-même en difficulté bien entendu.
Surtout, s’il fait mauvais, on reste sur les sentiers. C'est très important, on n'en sort surtout pas ! Disons aussi qu’il ne faut pas attendre après les secours. Il faut essayer aussi de se prendre en main. "Ça fait mal ? OK ! Je vais avoir mal, je vais souffrir mais je vais m'en sortir". Et 100m descendus, c'est 100m de moins à faire pour les secouristes. Et puis si on bouge, on reste en action, on ne se refroidit pas. Il y a 30 ans, il n'y avait pas de téléphone. Les gens, ils rentraient par leurs propres moyens. Maintenant, ils appellent. C'est un peu facile, à mon sens.
On a un fond de sac avec de quoi manger, de quoi pallier les problèmes aussi : on peut avoir du strap par exemple pour se soulager en cas d'entorse. Ce sont des petites choses comme ça. Il y a des sociétés, la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne), la FFME (Fédération française de la montagne et de l'escalade) qui proposent des stages d'initiation si on n'a pas ces connaissances, ces compétences notamment sur la cartographie. Il y a des accompagnateurs de moyenne montagne et des guides de haute montagne qui peuvent aussi vous accompagner et qui transmettent ces connaissances.