"Les chemins migratoires changent" : nouvelles voies, naufrages, la route de l'Espagne, porte d'entrée majeure vers l'Europe

L'arrivée des premiers migrants en Espagne par la "route canarienne" date d'il y a tout juste 30 ans. Depuis, plus de 200.000 Africains ont emprunté cette voie maritime pour rejoindre l'Europe. Et l'archipel des Canaries n'en a pas fini. Décryptage.

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Les naufrages se succèdent dans la Manche et en Méditerranée. En ce début septembre 2024, plusieurs dizaines de migrants ont officiellement trouvé la mort dans leur tentative d'atteindre les portes de l'Europe et un pays d'accueil. Parmi, les routes maritimes empruntées par ceux qui fuient leur pays d'Afrique, il y a celle passant par les Canaries en Espagne.

Cette voie de passage des migrants n'est pas nouvelle, mais connait un nouvel afflux depuis plusieurs semaines. "Au niveau de l'Europe, il y a eu une fermeture des frontières extérieures, et particulièrement de la frontière italienne. Les chemins migratoires changent. Les personnes qui, pour sauver leur vie ou pour d'autres raisons, décident de quitter leur pays, empruntent de nouvelles voies vers d'autres passages. Et là, c'est le passage des Canaries", avance le délégué régional de la Cimade pour le Sud-Ouest.

Quel avenir pour ces migrants ?

Difficile de connaitre la suite du parcours de ces personnes. En Espagne, le sujet fait polémique actuellement alors que 200 migrants viennent d'être transférés des Canaries vers la ville balnéaire de Tossa de Mar sur la Costa Brava.

Pour ces migrants, plusieurs possibilités : "il y a un genre de tri qui va être effectué par les autorités espagnoles, pour voir les personnes qui sont éventuellement éligibles à l'asile et à la protection de l'Espagne ou d'un autre État européen", détaille Pierre Grenier. Certaines vont être refoulées et d'autres admises sur la péninsule ibérique. Et puis, il y a ceux qui vont chercher à poursuivre leur chemin.

Un afflux en Occitanie par répercussion ?

Pour ces candidats à l'immigration, est-ce l'Angleterre coûte que coûte ? "Pas forcément, parce que ça dépend beaucoup des pays d'origine, selon le délégué régional de la Cimade.  Il y a un changement aussi dans les nationalités d'origine. Cela prend de l'ampleur avec les personnes ressortissantes du Sénégal, en lien avec tous les problèmes politiques qu'il y a eu ces dernières années. Et plus récemment, pas mal de personnes originaires du Mali. Et pour le coup, qui en général, une fois qu'elles arrivent sur le sol européen, ne vont pas avoir l'Angleterre pour objectif, mais plutôt un pays francophone."

Selon Pierre Grenier, la voie de passage principale entre l'Espagne et la France s'opère du côté d'Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques, où un pont permet de passer la frontière. Là où les autorités des deux pays concentrent également de gros moyens de contrôle.

Pour la Cimade dont l'un des objectifs est de défendre la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes, les répercussions de ces différents afflux de migrants se jouent à moyen, long terme. "On va recevoir des personnes qui ont engagé un parcours migratoire qui remonte à plusieurs mois, voire plusieurs années. On va les accompagner, les informer sur leurs droits."

"Du tout répressif"

Pierre Grenier est aujourd'hui pessimiste. Et l'adoption en avril 2024 d'un pacte européen sur la migration et l'asile ne laisse guère de lueur d'espoir au délégué régional de la Cimade. "Il n'y a pas de politique d'accueil prévue. On est sur du tout répressif, qui ne fonctionne pas puisque les chemins migratoires changent et que ça crée plus de morts aux frontières", nous dit-il. Et les débats en interne, y compris en France, n'abordent pas les choses de manière pragmatique, mais idéologique avec "des questions d'invasion, etc".

On ne règle aucun problème sur les mouvements de population. Ils continuent, ils s'adaptent. En fait, on ne veut pas voir ça. Et on croit qu'en mettant des moyens militaires, on empêchera les gens de venir.

Pierre Grenier, délégué de la Cimade pour le Sud-Ouest

Face à l'immigration, chacun semble vouloir se renvoyer la balle sans se poser la question de la voie légale d'entrée de ces personnes, "à longueur de temps jugées indésirables, alors qu'elles viennent pour l'essentiel de pays où il y a de gros désordres, voire des guerres", se désespère Pierre Grenier. 

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