Les familles des victimes "effondrées" après l'annulation des condamnations dans le procès AZF

Les familles des victimes de la catastrophe AZF étaient "effondrées", après l'annulation par la Cour de cassation de la condamnation de l'ancien directeur du complexe chimique et sa maison mère, Grande Paroisse, pour l'explosion en 2001 sur le site toulousain.

"On est effondré", a déclaré Me Stella Bisseuil, avocate de l'Association des familles endeuillées. "Les victimes vont devoir vivre un troisième procès. C'était déjà pénible mais là, les victimes se sentent doublement victimes : de Total et d'un fiasco judiciaire", a-t-elle ajouté.

L'Association des sinistrés du 21 septembre dénonce également "la double peine" pour les victimes. "D'abord la catastrophe AZF... Et maintenant c'est la catastrophe judiciaire, l'incompétence et l'irresponsabilité de la justice française", juge-t-elle dans un communiqué. Pour les sinistrés, "qui voudraient à juste titre tourner la page, c'est reparti pour quatre mois de procès, mais sans eux, à Paris. On ne peut mieux mépriser leurs souffrances", conclut l'association. 

Me Bisseuil a également regretté que la Cour d'appel de Paris, et non une cour proche de Toulouse, ait été désignée pour un nouveau procès. "C'est une décision extrêmement dommageable", a-t-elle estimé. "On se prépare pour deux, trois ou quatre ans de plus, avec un procès pour lequel les combattants disparaissent", a rappelé le président de l'Association, Gérard Ratier, père de l'une des victimes, en référence à l'âge avancé de nombreux proches des disparus.

31 personnes étaient mortes et 2.500 blessées, le 21 septembre 2001, dans une explosion qui avait soufflé le complexe AZF.



"Nous revenons 15 ans en arrière au moins", juge l'association Plus jamais ça ni ici ni ailleurs. "Aujourd'hui, la Cour de cassation exonère l'industriel de
sa responsabilité. Il y a quelques semaines, le Conseil d'Etat avait annulé le jugement qui condamnait (faiblement) l'Etat. Il n'y a donc aucun coupable. C'est un blanc-seing qui vient d'être signé aux industriels
", estime-t-elle, dans un communiqué. "Les 7 millions de citoyens exposés aux risques industriels savent désormais qu'ils n'ont rien à attendre de l'État et de la justice censés les protéger", poursuit l'association. "Il n'y a pas de mot pour exprimer le sentiment d'injustice et d'indignation".

En septembre 2012, la cour d'appel de Toulouse avait condamné à trois ans de prison, dont un ferme, et 45.000 euros d'amende, Serge Biechlin,
ancien directeur d'AZF. Elle avait infligé 225.000 euros d'amende à Grande Paroisse, propriétaire du site et filiale du groupe pétrolier Total. La Cour de cassation a annulé cette condamnation, notamment en raison des doutes pesant sur l'impartialité de l'une des magistrates de la cour d'appel de Toulouse. Cette conseillère était en effet vice-présidente de l'Institut national d'aide aux victimes et de médiation (Inavem), proche de la Fédération nationale d'aide aux victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), une autre association qui était, elle, partie civile lors du procès. Or la magistrate "avait demandé à plusieurs reprises d'être récusée", a souligné M. Ratier.

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