L’équipe de chercheurs de Toulouse choisis par l’INRAP, a dévoilé, ce vendredi 9 décembre, une partie des premiers résultats de l'étude des deux sarcophages découverts à Notre-Dame de Paris lors des travaux de restauration.
Un individu avec une déformation crânienne toulousaine, "car elle était particulièrement fréquente à Toulouse" à une époque. On croirait presque qu’il était écrit que trois siècles plus tard, son sarcophage serait étudié par une équipe de chercheurs de la ville rose.
Ce vendredi 9 décembre, lors d’une conférence de presse organisée à l’université fédérale de Toulouse, les représentants des sections de recherche ont partagé leurs premières certitudes et pistes concernant les deux sarcophages en plomb découverts à Notre-Dame de Paris en avril 2022.
Un chanoine et un inconnu
L’un d’eux a été très rapidement identifié : le Chanoine Antoine de La Porte. Entre l’épitaphe gravée sur son cercueil, la plaque en bronze qui indiquait son identité, la date de sa mort et son âge, et les trois médailles à son effigie découvertes à l’intérieur du sarcophage, l’homme d’Église ne voulait pas être oublié. "Il est mort le 24 décembre 1710, à l’âge de 83 ans", indique Christophe Besnier, l’archéologue désigné par le ministère de la Culture pour superviser les fouilles.
"C’était une personnalité riche et influente du tout début du XVIIIe. Il était surnommé chanoine jubilé car il a été chanoine plus de 50 ans. Un portrait de lui est conservé au Louvre."
Christophe Besnier, archéologue superviseur des fouillesen conférence de presse
La découverte de sa sépulture, coincée entre 20 et 30cm sous le sol, n’est pas une grande surprise. "Son nom et sa localisation étaient inscrits dans le registre des personnes inhumées à Notre-Dame, mais nous ne savions pas à quelle profondeur. S’il avait été inhumé plus profondément nous serions passés à côté", ajoute-t-il.
L’identité du second demeure inconnue. L’individu aurait eu une "trentaine d’années à l’âge de sa mort" et "aurait fait énormément d’équitation", pointe le professeur de l’université de Toulouse, Eric Crubézi, qui s'amuse à le surnommer "le cavalier". Il aurait vécu entre le XIVe et le XVIIe siècle. Était-il toulousain ? En tout cas, c'est son squelette, qui montre "une déformation du crâne qui touche rarement la noblesse" et "particulièrement fréquente à Toulouse" à cette époque, poursuit-il.
De nouvelles pistes à suivre
"Ce qui rend ces découvertes exceptionnelles, c’est d’avoir des sujets d’âge et de sexe connus pour une époque donnée", complète Christophe Besnier. Et les recherches ne font que commencer. L’équipe a jusqu’au 14 juillet 2024 pour finaliser son rapport de fouilles.
Les prochains mois seront consacrés à l’interprétation des dernières analyses prélevées à l’intérieur des sarcophages de plomb. "On va par exemple essayer de comprendre comment ils ont été montés, pourquoi ils n’ont pas la même forme, débute Camille Colonna, anthropologue de l’INRAP. Mais aussi tenter d’identifier les tissus trouvés à l'intérieur, déterminer s’il s’agit de vêtement ou de linge mortuaire, quelles étaient les pratiques d’embaumement..."
Pour accompagner leurs recherches, les chercheurs toulousains peuvent s’appuyer sur des méthodes jamais utilisées auparavant comme la fluorescence sous ultra-violet. "Elle est souvent utilisée en médecine légale pour faire apparaitre les matières organiques. Là, on a une caméra qui permet de faire ça, mais en lumière du jour", ajoute Eric Crubézi.
Un retour sur les analyses démarrées est prévu pour la fin du premier semestre 2023. Les sarcophages vont, eux, reprendre la direction de Paris pour y être conservés dès la semaine prochaine.