"Les turbulences, c'est le plus gros risque en avion" : un pilote décrypte ce phénomène qui a fait un mort à bord d'un Boeing de Singapore Airlines

Un vol d'Air Singapore a viré au drame ce mardi 21 mai 2024. Une personne est morte et des dizaines d'autres ont été blessées lorsque le Boeing 777-300 a été pris dans des turbulences. Comment se créent-elles, peut-on les éviter ? Nous avons posé la question à un pilote de ligne.

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À l'intérieur de l'avion, c'est une véritable scène de chaos. Un vol de Singapore Airlines a été confronté à des turbulences. "Les données de suivi du vol indiquent que l'avion a chuté de plus de 1.800 mètres en seulement cinq minutes au-dessus de la mer d'Andaman", rapporte l'AFP ce mardi 21 mai 2024. Une personne est morte et plusieurs dizaines d'autres blessées à bord du Boeing 777-300ER qui a dû effectuer un atterrissage d'urgence à Bangkok en Thaïlande.

À quoi est lié ce phénomène ? Les turbulences sont-elles prévisibles et donc évitables ? Décryptage avec un pilote de ligne.

Les turbulences, c'est quoi ?

"En fait, c'est dû à la masse d'air qui évolue. C'est exactement la même chose qui se passe sur un bateau. C'est-à-dire qu'un bateau, il est sur une masse d'eau. La masse d'eau, elle peut être toute lisse, toute plate et sans vagues. Et là, ça se passe très bien. Et d'autres fois, il y a de la houle, il y a des vagues, il y a des courants, il y a des turbulences. Une masse d’air, c’est exactement la même chose en fait. Un avion, il peut évoluer dans une masse d'air qui est toute lisse, et là, ça se passe bien. Et parfois, il évolue dans une masse d'air qui a des courants ascendants ou descendants."

Un pilote peut être confronté à plusieurs types de turbulences. Il y a celles liées aux orages. Des turbulences dites de ciel clair sur deux tranches d'air successives. Et puis il y a les turbulences de sillage d'un autre avion.

"Quand un appareil vole, derrière ses ailes, ça fait une espèce de vortex, comme une petite tornade, là. Quand on suit un avion trop près ou quand un avion est passé il y a une trentaine de secondes et qu'on passe derrière lui, on peut avoir une turbulence soudaine due au fait que lui, il a déplacé la matière derrière lui."

Peut-on prévoir et éviter les turbulences ?

S'agissant des turbulences liées aux orages, associés aux nuages ​​cumulonimbus, celles-ci peuvent être visibles grâce au radar météo dont les avions sont équipés. Pour les turbulences de ciel clair, elles sont difficilement détectables à l'avance. Mais pour un pilote, tout est fait pour éviter au maximum les turbulences.  Et de tout faire pour en sortir quand, "dans de rares cas, on se retrouve dedans".

Exemple avec un orage : si on commence à s'en approcher de trop près et que ça turbule, là, on peut aller jusqu'à faire un virage à 90° pour changer complètement de route et sortir des turbulences.

Tout changement et manœuvre se fait en communication avec le contrôle aérien. "On demande s'il y a un autre avion au-dessus et en dessous et on demande les rapports de turbulences. Dans le cas d'un vol transatlantique, le secteur de contrôle va être capable de nous dire s'il y a des compagnies qui ont signalé des turbulences dans la dernière heure et à quelle altitude."

Un avion peut-il résister ?

Notre pilote est catégorique. "Un avion, c'est très, très, très résistant et ça ne peut pas se casser avec les turbulences. L'avion va suivre en fait la masse d'air qui va le faire monter ou qui va le faire descendre, l'emporter sur le côté. En revanche, le problème, c'est quand il y a des gens qui ne sont pas attachés à bord."

"L'avion, quand il va prendre des courants ascendants ou descendants, lui, il va monter très vite, descendre très vite, se déplacer. Mais les gens qui sont à bord, s'ils ne sont pas solidaires de l'avion, c'est-à-dire attachés à l'avion, c'est là qu'ils se prennent des montées, des descentes, des accélérations."

Rester attaché durant tout le vol, c'est ce que conseille notre pilote, pour éviter de se retrouver soudainement projeter au plafond ou d'un côté ou de l'autre de l'avion. "Même en passager, je ne me détache jamais parce que c'est clairement le plus gros… risque qu'on a en aviation aujourd'hui. Il y a beaucoup plus de risques de subir des turbulences que d'avoir un crash d'avion."

Des turbulences aussi violentes que celles connues par ce vol de Singapore Airlines, cela reste toutefois un phénomène rare. "Nous présentons nos plus sincères excuses pour l'expérience traumatisante vécue par nos passagers et les membres de l'équipage sur ce vol. Nous fournissons toute l'assistance nécessaire pendant cette période difficile", a assuré la compagnie aérienne.

Le passager décédé était âgé de 73 ans et pourrait avoir été victime d'une crise cardiaque. La plupart des blessés souffraient de chocs à la tête. Sept d'entre eux étaient dans un état critique, selon le directeur de l'aéroport Suvarnabhumi où l'avion s'est posé.

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