Une cinquantaine d'utilisateurs de la nouvelle formule du Levothyrox ont fait parvenir lundi 29 juin au laboratoire pharmaceutique Merck une assignation à comparaître devant le Tribunal judiciaire de Toulouse, demandant des indemnisations pour préjudices corporels et défaut d'information.
Ces plaignants, consommateurs et victimes de la nouvelle formule du Levothyrox, sont représentés par l'avocate toulousaine Stella Bisseuil, bien connue à Toulouse pour avoir accompagné des familles de victimes de la catastrophe d'AZF lors de la longue procédure judiciaire.
Le 25 juin dernier, la cour d'appel de Lyon a reconnu que Merck avait commis "une faute" au moment du changement de formule de son traitement Levothyrox. Plus de 3 000 "consommateurs" de ce médicament ont ainsi obtenu en appel à Lyon la reconnaissance d'un manque d'information du fabricant allemand Merck, avec une indemnisation de 1 000 euros au titre de préjudice moral.Maître Stella Bisseuil, qui représente des utilisateurs qui n'étaient pas partie prenante dans cette procédure lyonnaise, souhaite quant à elle "englober l'ensemble des préjudices et voir si la juridiction toulousaine nous suit".
Ces préjudices, ce sont des effets secondaires lourds pendant de longs mois, qui ne peuvent être assimilés à un préjudice moral dit parfois d'anxiété. Or la procédure lyonnaise ne concernait pas ce préjudice corporel, nous explique maître Bisseuil, jointe ce soir par téléphone.
Pour le préjudice d'information, l'avocate toulousaine va demander 5 000 euros par personne. Pour les dommages corporels, "ce sera au cas par cas, selon les effets secondaires", précise-t-elle.Les victimes que je représente ont eu pendant plusieurs mois de graves effets secondaires, certains ont subi beaucoup d'examens, ont dû arrêter de travailler, etc. C'est l'indemnisation de ces préjudices corporels que je demande, et il n'y a pas encore de jurisprudence là-dessus
Selon l'avocate, "c'était un problème assez difficile à faire reconnaître, et les experts à Toulouse sont très réticents".
Nous avons l'espoir d'une jurisprudence toulousaine dans ce dossier
La nouvelle formule du médicament prescrit contre l'hypothyroïdie, modifiant certains de ses excipients afin d'apporter davantage de stabilité au produit, a été incriminée, entre mars 2017 et avril 2018, par quelque 31 000 patients souffrant de maux de tête, insomnies, vertiges, etc.
En juin 2019, l'Agence du médicament/ANSM a publié les résultats d'une étude de pharmaco-épidémiologie menée sur plus de deux millions de patients, selon laquelle le passage à la nouvelle formule du Levothyrox n'a pas engendré de "problèmes de santé graves".
La décision de la Cour d'appel de Lyon est "intéressante parce qu'elle reconnaît aussi un lien de cause à effet. On veut montrer ainsi que les effets secondaires qu'on invoque, même s'ils sont mal compris par les experts, sont évidement causés par ce Levothyrox nouvelle formule", affirme Me Bisseuil.
La date d'une audience de plaidoirie sera communiquée aux parties au cours de la procédure.