Littérature : Didier Goupil nous donne des nouvelles de la jeunesse

A travers neuf textes aussi stylisés que rythmés, l’écrivain toulousain remonte à la source. Sa propre jeunesse, celle d’une femme battue à mort, ou celle d’un vieux chanteur. Même quand nos jeunes années ne sont qu’un vague souvenir, ces récits nous rappellent que la vie est belle et que le sang boue encore.

Arrive toujours un temps où parler de la jeunesse se résume à nostalgie et lamentations. Pas chez Didier Goupil tout juste sexagénaire. L’auteur toulousain nous emmène sur des sentiers partagés en deux sillons, adolescence et âge adulte, et sur des chemins de traverse où les parents se revoient ou se redécouvrent en leurs progénitures.

La jeunesse, comme l’existence, passe, qu’on la brûle (« comment vivre sans être ivre ») ou qu’on tâtonne (« Suis-je né trop tôt ou trop tard ? Que fais-je donc dans ce foutu monde »).

Au café de la jeunesse, les consommations ne sont pas toujours douceâtres, elles piquent souvent sur le retour en bouche et peuvent aussi se boire jusqu’à la lie. L’existence file, Goupil le sait et le dit. Sans rancœur et sans fatalisme.

Il n’est pas facile d’être un enfant de nos jours. Le réchauffement climatique, l’extinction des espèces animales, les guerres partout et toujours… N’en jetez plus. La poubelle est pleine. Comment grandir dans un monde si abîmé ? Si peu porteur d’espérances ? Si en plus de tout cela, à douze ans, presque treize, à l’âge où les petites filles deviennent de jeunes femmes, il vous fait prendre conscience que celui qui un jour se prétendra votre amoureux peut vous crier dessus, vous insulter, vous battre, et pour finir vous tuer, c’est à désespérer. C’est comme si d’une certaine façon on vous annonçait la mort de l’amour et de tout espoir de réconfort. Il le faut pourtant

Extrait de "Aurore"

Une amère grand-mère

« Personne tu le sais ne repasse par sa jeunesse », chantait Reggiani. Heureusement parce que beaucoup ne voudraient y revenir pour rien au monde. Les jeunes années ne sont pas forcément synonymes d’épanouissement ou de bonheur. Il peut s’y nouer des drames. L’été peut se changer, d’un coup d’un seul, en un hiver glacial.

La jeunesse c’est aussi un pays que l’on quitte, une enveloppe dont on se sépare. Dans son recueil, Goupil ne tue pas le père mais une amère grand-mère. « Place aux jeunes en quelque sorte », aurait souri Brassens. Mais personne ne peut renier son passé ni ses origines.

Les visages de nos parents vivent sur les nôtres comme nos visages vivent sur ceux de nos enfants. Peu importe s’ils s’estompent, s’effacent, disparaissent. Et même si personne ne s’en souvient Ce qui importe c’est que le cœur palpite. Qu’en soi l’enfant vive. Et que l’on puisse retrouver un jour, ne serait-ce qu’en songe, le café de sa jeunesse.

Extrait de "Café de la jeunesse"

De l’enfant que l’on fait adopter à l’enfant adoré, les racines ne poussent pas forcément dans le même sens. Le lecteur passera d’une histoire à l’autre en ayant parfois besoin de souffler. C’est aussi ça la jeunesse, ça fatigue…

Peur de me confronter à des œuvres monumentales ou simple fainéantise, quand j’étais jeune, je lisais beaucoup de nouvelles. Ce style littéraire n’est souvent pas célébré comme il se doit. Goupil lui redonne aussi une jeunesse. Alors emportez cet ouvrage et faites-le lire à vos enfants moyens ou grands. La jeunesse, aussi, se transmet.

« Café de la jeunesse » de Didier Goupil, éditions Zinédi Collection Textures

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