Littérature. Eros Prat, l'ange de l'amour, tire sa révérence : Amélie Poisson-Claret nous partage ses ailes

"Eros Prat et la promesse interdite" est le dernier volet de la trilogie écrite par Amélie Poisson-Claret. Consacrée aux aventures d'un ange au destin exceptionnel, cette saga fantastique a enthousiasmé de jeunes lecteurs. Des profs de collège l'ont adoptée dans leur liste de livre à étudier. Cinq questions à l'auteure de cette série à succès*.

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Eros Prat a vécu dans les deux précédents tomes d'innombrables aventures dans son monde, celui des anges, mais aussi sur Terre. Dans ce troisième opus, le dernier, cet ange de l'amour est devenu archange mais l'intrigue va le mener une fois encore dans des joutes épiques qui lui révéleront les secrets de ses origines. Amélie Poisson-Claret, notre consoeur journaliste à France 3 Occitanie, à Toulouse, confirme ses talents d'écrivaine. Elle nous invite au voyage dans le monde de l'invisible... 

France 3 : Eros Prat, votre héros, est un ange de l'amour à qui il arrive des aventures fantastiques sur le Mont des Anges mais aussi sur Terre. Qu'est-ce qui vous a amené à donner vie à ce héros extraordinaire ?   

Amélie Poisson-Claret : La genèse de l'histoire s'inscrit dans un voyage en Grèce que j'ai fait avec mon mari. Nous avons visité l'Acropole et en descendant nous nous sommes rendus au musée de l'Acropole. Quand je suis entrée, il y avait la statue d'un ange et une inscription "L'ange de l'amour"... ça m'a fait rire d'imaginer un ange qui travaille à nous rendre tous amoureux et surtout :"Wahoo, vu le monde actuel, tu as du travail !"me suis-je dit. Et ça m'est resté cette idée d'un être invisible qui pourrait agir pour que l'amour se répande, l'amour étant la valeur essentielle pour les Hommes que j'appelle les "sans ailes".

J'ai eu comme ça l'idée d'une histoire que j'ai commencé à raconter à ma petite sœur. Elle a 16 ans de moins que moi. Elle avait 12 ans et se trouvait dans les premiers émois amoureux enflammés et je me disais : comment lui parler d'amour sans être à côté de la plaque ? Sans apparaître ringard ? Ce n'est pas évident et j'ai trouvé que l'histoire d'Eros Prat était un bon moyen de parler d'amour à cette génération parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas évident, on leur parle beaucoup de harcèlement scolaire, d'hypersexualité... de beaucoup de choses.

On leur parle moins de la beauté de l'amour, de la beauté des sentiments, de l'amitié, de la force que ça peut représenter, des douleurs aussi que ça peut engendrer mais qui font partie de la vie. J'avais envie de leur raconter que l'amour, que l'amitié existent sous plusieurs formes, de faire passer ces messages-là.

Ma petite sœur a lu le premier chapitre, elle a complètement adoré et m'a tannée pour avoir les suivants. Lorsque j'étais enceinte de mon premier enfant, j'ai commencé à vraiment plus m'y mettre, à l'écrire en me disant que je lui en ferai cadeau pour son anniversaire. Cette idée de cadeau original me plaisait. J'ai tenu parole. Elle l'a trouvé vraiment super et c'est elle qui m'a convaincue de le proposer à des maisons d'édition. "Un Autre Reg'Art" à Albi m'a tout de suite dit oui et le livre est sorti en librairie.

France 3 : Vous pensiez donner une suite aux premières aventures d'Eros Prat ?

Amélie Poisson-Claret : Oui, j'ai eu tout de suite en tête l'idée d'une trilogie parce qu'il y a une progression dans l'écriture. J'avais dans l'idée pour le premier d'une forme d'éducation. Dans le tome 2, je le voyais confronté à son destin. Il devait choisir. Or choisir, c'est renoncer. Et ensuite dans le tome 3, il a fait un choix mais en même temps il essaie de concilier ce qu'il est réellement avec ce choix. Il doit trouver sa propre voie.

En fait l'histoire a vraiment changé et ça n'était pas du tout prévu. En 2019, suite à une épreuve très lourde, ce qui a changé c'est que je me suis mise à écrire pour moi. J'ai cessé d'écrire pour ma petite sœur. Les tome 2 et 3, je les ai écrit pour moi parce que j'aimais écrire, que j'avais complètement pris goût à l'écriture. Et en avril 2019, c'était une période de grande tristesse pour moi. J'ai écrit un passage spontanément, en un après-midi dans les larmes. Je l'ai laissé dans mon carnet mais j'ai su que ce passage serait la fin de la trilogie.

Après, ça a été un challenge d'une certaine manière d'arriver à amener mes personnages jusqu'à cette fin. Mais ça s'est bien déroulé... Quand on écrit, on est inspiré, on est l'auteur et en même temps, les personnages ont leur vie, leur cohérence et parfois on sent qu'ils prennent la main sur l'écriture. Il y a des choses qui se passent et on se dit que ça doit se passer effectivement mais ce n'est pas ce qu'on avait pensé. 

Quoi qu'il en soit, c'est hyper important pour moi. A un moment, ce manuscrit c'était un peu la seule chose positive... c'est excessif de dire ça comme ça, mais disons, quelque chose d'intime qui m'aidait à avancer, à me relever. C'était mon moment privilégié et j'avais hâte de continuer. J'ai mis 2 ans à comprendre pourquoi j'avais fait ce chapitre final et quand j'ai commencé le tome 2, j'ai fait le lien. Je ne rentre pas dans les détails mais Eros Prat et les personnages vivent une aventure exceptionnelle. Pour moi, ça a été et c'est toujours une aventure tout-à-fait incroyable !

France 3 : Une magie s'opère à vous entendre quand vous écrivez...

Amélie Poisson-Claret : Je pense que c'est l'inspiration et le plaisir d'écrire, le plaisir de faire quelque chose qu'on aime. Quand on crée, je pense que ça doit être pareil pour un peintre, il y a un moment où on est dedans, on est bien, on se sent bien dans l'écriture, on se sent bien avec nos personnages, bien dans l'histoire. Et il y a une forme d'osmose.

D'autres fois, c'est complètement l'inverse. Par exemple, pour le tome 2, j'ai eu une très bonne expérience d'écriture mais j'ai sué pour le tome 3 (rires), ça a été difficile. Je n'avais pas toujours envie de leur lâcher les ailes et parfois j'écrivais 2 ou 3 lignes et je me sentais très fatiguée. Je me disais "non j'arrête, je reprendrai demain".                                

Une fois qu'on termine et qu'on voit ce qui a été fait, c'est fantastique !Surtout quand on a rendu le manuscrit et que le livre est prêt à sortir, il y a une fierté personnelle, un peu intime, d'avoir mené cette histoire au bout. C'est assez magique, clairement !

France 3 : pourquoi avoir choisi un ange ?

Amélie Poisson-Claret : c'est un ange qui a cette mission particulière dans la mythologie grecque de provoquer les coups de foudre avec ce monde invisible et ce monde visible donc celui des "sans ailes" sur lequel il agit, tout en ayant derrière lui son univers et son existence dans le monde des anges là où il évolue avec le gouverneur, une organisation à la fois hiérarchique avec les sentinelles, les nuages, avec sa maman aussi qui a un rôle très important, avec ses amis, avec l'école où il étudie, le CAC pour "Chapelle Académie Cénacle", les nuages volants dans lesquels il se déplace, le propulange qui lui permet d'être propulsé plus rapidement sur terre...

Il y a tout cet univers invisible pour les "sans ailes" que j'ai créé et du coup quand il vient sur Terre, dans l'univers que l'on connaît avec nos rapports humains, nos envies, nos déceptions, notre organisation, notre collège, le lycée, notre bande de copains, les parents, les devoirs, tout ce que les jeunes peuvent connaître et sur lesquels ils peuvent s'identifier avec cette idée de voir qu'il y a des choses qui se passent mais de ne pas les maîtriser et de ne pas pouvoir les attribuer à des êtres invisibles qui interagissent. Seuls Martha et le libraire ont cette capacité. Ils savent que les anges existent.

France 3 : Croyez-vous aux anges ?

Amélie Poisson-Claret : Je ne sais pas mais j'aime bien l'idée... J'aime bien cette idée que l'univers est plus complexe que ce que nos yeux voient. C'est quelque chose que j'ai transmis dans Eros Prat, qu'il faut voir au-delà des apparences. Je pense que ça vaut pour tout : ça vaut pour les anges, pour des êtres invisibles mais aussi quand on rencontre quelqu'un, pour des chemins de vie qu'on ne connaît pas, des épreuves qu'ils ont peut-être traversées qu'on ne sait pas.

C'est un message très fort pour les jeunes qui jugent vite et qui sont parfois durs entre eux : "ah mais lui je ne l'aime pas parce qu'il est çi, parce qu'il est là". Et oui mais attends tu ne sais pas pourquoi il est comme ça, pourquoi il a réagi comme ça... Un peu de nuance, un peu de calme, un peu de compréhension, un peu de tolérance et apprend à le connaître. Essaie de ne pas juste le connaître à partir de ce que tu vois mais peut-être essaie de voir au-delà et plus loin.

Et dans Eros Prat, le fait qu'il y ait ce monde invisible et le monde visible comme le libraire l'enseigne à Martha... Il lui apprend à voir Eros. Elle ne le voit pas au début parce qu'il est un ange. Il lui apprend en lui disant : "regarde avec ton coeur". Ce n'est pas un message ou quelque chose comme ça mais ce sont des principes auxquels je crois. Je pense qu'il faut toujours aller un peu plus loin.

*Des signatures sont prévues dans la région : le 15 avril au salon L'imagina'livres de Portet-sur-Garonne, le 13 mai à la maison de la presse d'Albi, le 4 juin au salon Terralire d'Albi et le 9 septembre, Amélie Poisson-Claret sera marraine du salon du livre de Toulouse à l'hôtel d'assezat.

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