Un centre d'essai dédié aux inondations vient d'être inauguré à Baziège, près de Toulouse. Un lieu, unique en France, où les professionnels peuvent tester, dans des conditions contrôlées, des systèmes de protection contre les inondations.
Un niveau d'eau qui monte rapidement autour d'un mobil-home : tel est le test grandeur nature répété par la start-up Floodframe pour tester sa solution de protection des habitations. L'exercice se déroule dans le tout nouveau centre d'essai dédié aux inondations inauguré le 22 mars 2024 à Baziège, à 25 kilomètres de Toulouse.
Un airbag de l'eau
Dans un immense bassin vide de 12 mètres de côté, les entreprises spécialisées dans la protection des inondations vont pouvoir venir vérifier si leurs dispositifs fonctionnent à l'épreuve de l'eau.
Pour baptiser les lieux, c'est le prototype développé par la société Floodframe, qui a été "mis en eau". Une sorte d'airbag, disposé autour de la maisonnette, se déploie au rythme de l'inondation. Le système est simple, un boudin rempli d'air monte avec le niveau d'eau, dépliant sous lui une bâche noire étanche.
La solution mise au point par la jeune pousse créée fin 2021, reprenant les brevets d'une société danoise, n'en est encore qu'à la phase de test, mais le système a déjà été installé sur plusieurs sites dont la maison d'Henri IV à Saint-Valery-en-Caux, en Seine-Maritime et dans un camping du Gers inondé 19 fois par les débordements de la rivière l'Arros.
Comme la bouée des enfants à la plage : quand il est immergé, le flotteur tire sur la membrane. Et elle se déroule. En fait, ça va créer une enveloppe complète du bâtiment.
Rémi Alquier, directeur général de Floodframe
Des concurrents, comme l'entreprise Flowstop qui développe des batardeaux gonflables, la version moderne du sac de sable, ont aussi installé leurs prototypes dans ce bassin d'essais. "C'est un dispositif gonflable qui s'installe devant les ouvertures. Une fois dilaté, il est parfaitement étanche" garantit Bertrand Sylvestre, le cofondateur de Flowstop.
Le centre et les premières expérimentations sont financés pour près de la moitié par l'État. Soit 100 000 euros des 220 000 euros mis sur la table.
Les compagnies d'assurance en première ligne
Les expérimentations intéressent également de près Allianz, partenaire du projet. L'assureur est concerné au premier chef par les dégâts causés par les inondations puisqu'il doit sortir le portefeuille pour payer les réparations de ces sinistres.
La compagnie d'assurance a ainsi déboursé entre 50 et 100 millions d'euros au titre des inondations l'an dernier en France, sur les quelque 300 millions que lui ont coûtés les catastrophes naturelles. "Être certain que ces solutions sont efficaces une fois installées peut par exemple permettre à l'assureur de diminuer les primes et les franchises demandées aux clients particuliers, voire faire revenir dans l'assurabilité des professionnels qui peinent à trouver un assureur aujourd'hui", explique Pierre Vaysse, membre du comité exécutif d'Allianz France.
Des phénomènes météo plus fréquents
Les inondations seront plus fréquentes et plus dévastatrices à mesure que le réchauffement climatique s'accroît. Elles peuvent prendre plusieurs formes : une montée soudaine et violente d'un cours d'eau habituellement calme sous l'effet d'un orage, comme en 2020 dans les vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée dans les Alpes maritimes, ou une montée lente pouvant durer plusieurs jours causée par des pluies continues, comme en fin d'année dernière dans les Hauts-de-France. Le centre d'essai a vocation à traiter les deux scénarios, mais aussi la submersion marine, conséquence de l'élévation du niveau de la mer sur la façade atlantique.
Écrit avec AFP