De plus en plus de maisons sont touchées par des fissures à cause des contrastes météorologiques en Occitanie. Le phénomène, appelé retrait gonflement des sols argileux, risque de se propager à cause du changement climatique. Précisions avec un spécialiste.
Les fissures s'accumulent sur des centaines de maisons à travers l'Occitanie. Un phénomène climatique, appelé retrait gonflement, touche les sols argileux à cause des contrastes météos entre l'hiver et l'été. Pour mieux comprendre comment les maisons deviennent fissurées, on a interrogé Bastien Colas, ingénieur géotechnicien du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) à Montpellier (Hérault).
Quel est ce phénomène des retraits gonflements des sols argileux ? Comment se manifeste-t-il ?
Bastien Colas : "c'est un phénomène qui affecte les sols argileux, en fonction des variations de leur teneur en eau. Si le sol devient humide, il a tendance à gonfler, et s'il sèche, il a tendance à se retracter. Pour imager simplement, c'est le principe d'une éponge : si elle reste au soleil, elle va se retracter et diminuer. C'est la même chose pour les sols argileux. Avec le tassement généré, cela engendre des fissures que l'on connaît actuellement."
La région Occitanie est-elle l'une des plus touchées ?
"Oui, environ un quart des sinistres nationaux ont lieu en Occitanie. Cela représente plus de 360 millions d'euros d'indemnisations par an en moyenne depuis l'instauration de l'état de catastrophe naturelle. Ce sont des chiffres que l'on redoute de voir augmenter avec les changements climatiques."
"À l'horizon de 2100, les dommages au bâti pourraient être multipliés par 5 ou 6"
L'impact climatique que l'on connaît avec la sécheresse et le manque d'eau joue-t-il un rôle ?
"Oui, l'impact direct se fait car le sol contient certains minéraux argileux sensibles, qui ont tendance à se retracter plus longuement et plus profondément. Si l'on a des pluies importantes l'hiver et des séchereses l'été, on va avoir des augmentations importantes du tassement et donc des désordres générés.
Le changement climatique laisse présumer que l'on va assister à une amplitude et une fréquence plus importantes de ces phénomènes. À l'horizon de 2100, les dommages au bâti pourraient être multipliés par 5 ou 6."
Y'a-t-il des mesures qui sont déjà prises pour contrer ces phénomènes ?
"Il y a de la prévention à avoir sur les nouvelles constructions avec des études géotechniques des sols avant construction. C'est essentiel.
Sur le bâti existant, on est capable de mettre en place des mesures pour limiter ces variations de teneur en eau. On peut descendre les fondations plus profondément, gérer les eaux de pluie et de ruissellement.
La gestion de la végétation est aussi fondamentale : c'est l'un des responsables principaux du phénomène car elle absorbe l'eau. Mettre des écrans anti-racines ou élaguer les arbres entre les habitations, c'est fondamental."