Alors que le plan logement dévoilé par Elisabeth Borne est jugé décevant par les professionnels du secteur, Benoit Maestre a suivi pendant un an l'association Droit au logement 31, pour dénoncer des situations de mal logement en Haute-Garonne. Un quotidien à retrouver dans le documentaire "En permanence".
Le plan logement dévoilé le 5 juin dernier par Elisabeth Borne a mis en rogne les professionnels du secteur. À Toulouse, le réalisateur Benoit Maestre a mis en lumière, dans un documentaire d'une heure intitulé "En permanence", le mal-logement et la précarité. "L’objectif est de témoigner d’une situation qu’on ne peut pas soupçonner à Toulouse", explique-t-il.
Pendant un an, il a suivi les membres de l’association Droit au logement 31 (DAL) pour "montrer le travail sous-terrain de l’association sur le mal-logement".
Mal logement et sans logis
À travers ce film, le réalisateur dénonce plusieurs choses. Tout d’abord, le mal logement au sein du parc social de Toulouse. Cafards, fils électriques qui pendent, infiltrations… des situations qui poussent les bénéficiaires à venir chercher de l’aide auprès des membres de l’association.
"Il y a aussi un manque de logement, alors que la précarité, elle, augmente", ajoute Benoit Maestre.
Chaque année, le nombre de demandeurs de logement social augmente : + 16,5 % entre 2020 et 2022, indique la Fondation Abbé Pierre dans son 28e rapport annuel. En Occitanie, la Fondation dénombre 121 840 demandes de logement social au 31 décembre 2022. Selon leurs chiffres, seulement 24 760 attributions auraient été accordées, dans une région, où l’on compte 318 200 logements sociaux.
L'inertie des institutions
Entre juin 2021 et juin 2022, Benoit Maestre a suivi les membres de l’association dans différents quartiers toulousains, notamment Empalot, les Minimes ou encore dans la ville de Muret. Dans ce documentaire immersif, la peine et le désespoir sont de mises. Il dénonce également "l’inertie des institutions", ou comment elles se renvoient la balle.
"Je vis dans une ville où il y a des gens qui vivent dans la rue alors qu’il y a des logements vides. Il n’y a aucune volonté politique à faire appliquer les lois et les dispositifs existants. C’est une véritable hypocrisie politique. On ne donne pas suffisamment de moyens pour faire avancer les choses", déplore le réalisateur.
L’un des objectifs de l’association de Droit au logement est justement de lutter au quotidien pour faire appliquer ces dispositifs, et d’aider les "mal-logés et sans logis à faire valoir leur droit au logement".
"Il faut regarder frontalement les choses"
L’objectif de ce film est aussi de sensibiliser la population. "Il y a une forme de déni où on préfère regarder ailleurs. Mais il faut regarder frontalement les choses", affirme Benoit Maestre.
"Avec une production de logement social qui ne cesse de chuter, une saturation des places d’hébergement et des propositions alternatives inexistantes, le mal-logement devient malheureusement la norme pour les ménages les plus fragiles", explique l'agence Occitanie de la Fondation Abbé Pierre.